Comment la maladie de Verneuil est-elle prise en charge ?
20 novembre 2024
Notre parrain Thierry Lhermitte est allé à la rencontre de Matthieu Mahévas, immunologiste, qui fait ses recherches à l'Institut Necker-Enfants malades, à Paris et exerce la médecine à l'hôpital Henri Mondor à Créteil, dans le Val-de-Marne. Avec son équipe, composée de spécialistes de l'étude du système immunitaire, il étudie le fonctionnement de la mémoire immunitaire de long terme contre le SARS-CoV-2.
Ces travaux, soutenus par la FRM, étaient au cœur de la chronique de Thierry Lhermitte dans l'émission « Grand Bien Vous Fasse ! », le 22 novembre 2021, sur France Inter.
La pandémie mondiale actuelle, apparue en Chine à la fin de 2019, est provoquée par un virus émergent, c'est-à-dire que l'humain n'avait encore jamais rencontré, le SARS-CoV-2. Il appartient à la famille des coronavirus. Une famille qui compte à ce jour 7 virus différents. Quatre sont des virus saisonniers, qui nous donnent le plus souvent de simples rhumes.
Mais 3 autres types plus virulents ont émergé au début des années 2000 et provoqué des épidémies d'infections respiratoires graves, parfois mortelles.
Oui, j'ai rencontré Matthieu Mahévas à l'Institut Necker, son équipe de deux jeunes brillants chercheurs, Aurelien Sokal et Pascal Chappert, ainsi que Claude-Agnès Reynaud et le Pr Jean-Claude Weill, qui ont collaboré avec lui sur ce sujet. Ce travail associe de nombreux autres contributeurs, tous spécialisés dans l'étude du système immunitaire. Début 2020, quand le confinement a fermé les laboratoires, ils ont décidé d'unir leurs compétences contre le Covid-19.
L'objectif était de déterminer si on développait une mémoire immunitaire de long terme contre le SARS-CoV-2.
Notre système immunitaire nous protège des agents pathogènes, comme les virus ou les bactéries. Il est capable de développer une mémoire, c'est-à-dire de se souvenir de chaque agresseur qu'il rencontre. De sorte que si l'on entre en contact une deuxième fois avec le même virus ou la même bactérie, nos défenses sont activées plus rapidement et plus efficacement pour l'éliminer.
Elle est assurée par deux types de cellules immunitaires :
Ils ont étudié des échantillons de sang de patients hospitalisés pour des formes graves de Covid et d'autres avec des formes moins sévères. Ils ont découvert qu'au bout de 2 à 6 semaines après l'infection, les patients produisent des anticorps très efficaces. Mais la question était : combien de temps dure cette mémoire immunitaire, c'est-à-dire combien de temps les plasmocytes qui sont dans la moelle osseuse secrètent-ils leurs anticorps ? Car ça, ça dépend de l'agent infectieux. Pour la fièvre jaune, par exemple, ça dure toute la vie. Mais pour les coronavirus saisonniers, ceux qui donnent des rhumes, ça ne dure que 12 mois. Pour le savoir, ils ont donc suivi ces mêmes patients en prélevant leur sang 3 mois, 6 mois, puis un an plus tard.
Trois choses très importantes :
C'est la deuxième partie du travail animé par Matthieu Mahévas. L'équipe a étudié le sang des patients ayant déjà eu le Covid et vaccinés avec 1 dose de vaccin ARN messager 1 an après l'infection. Ils ont aussi étudié le sang de personnes qui n'ont pas été malades et vaccinées par le vaccin ARN avec les 2 injections recommandées.
La conclusion de leur travail, c'est que le rappel (la 1e injection de vaccin chez ceux qui ont eu le Covid et la 2e chez ceux qui ne l'ont pas eu) augmente considérablement la force et l'efficacité de la réponse immunitaire. Mais après deux doses de vaccin, les défenses immunitaires de ceux qui n'ont pas eu le Covid restent inférieures à celles des anciens malades.
Premièrement, Matthieu Mahévas a contribué à promouvoir qu'une seule dose après 6 mois suffisait après avoir eu le Covid-19.
Ensuite, ces résultats justifient la 3e dose : chez les gens qui n'ont jamais eu le Covid ou les personnes avec un système immunitaire faible (comme les personnes âgées), elle va permettre de booster fortement la mémoire immunitaire, de quoi conférer une protection efficace sur le long terme.
Ces travaux expliquent aussi que les personnes vaccinées peuvent, certes, être infectées et transmettre le virus, mais qu'elles ont la capacité de fabriquer en quelques jours des anticorps efficaces. De ce fait, elles ne font pas de forme grave de Covid.
Et, cerise sur le gâteau, l'équipe a montré que les cellules immunitaires mémoire qui restent en veille sont capables de reconnaître tous les variants connus à ce jour et donc de produire rapidement des anticorps efficaces.
Moralité : la vaccination est notre meilleur espoir d'en finir avec ce virus !
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