Réparer les os en utilisant des biomatériaux

19 novembre 2024

Thierry Lhermitte, parrain de la FRM, est allé rencontrer l’équipe de Catherine Picart, Professeure à l’Institut Polytechnique de Grenoble, et directrice du Laboratoire Biosanté et de l'équipe « Biomimétisme et médecine régénératrice » du CEA.

L'un de ses projets de recherche vise à réparer les os en utilisant des biomatériaux, et a fait l'objet de la Chronique Santé de Thierry Lhermitte, diffusée le 18 novembre sur France Inter, à (ré)écouter en replay ci-dessous.

La chronique en détails

Se casser un os, tout le monde connaît. Des membres à la colonne vertébrale, il y a de nombreux sites de fracture dans le corps.

Dans la majorité des cas, l’os se répare naturellement, moyennant une immobilisation.

Mais dans 5 à 10 % des cas la réparation naturelle ne se fait pas, et ça peut être plus fréquent quand il y a des complications, chez des personnes dont le système immunitaire est affaibli, en cas d’ostéoporose, etc.

On a des prothèses quand même pour réparer une articulation ou remplacer de l’os manquant ?

Oui, il existe des prothèses faites de différents matériaux, avec souvent du métal (notamment le titane). C’est le cas dans les prothèses de hanche par exemple.

Pour remplacer l’os, on utilise aussi des matériaux céramiques, qui ont la composition la plus proche de celle des os naturels (qui sont en phosphates de calcium). C’est ce qu’on utilise pour les dents par exemple. Mais les céramiques ont un inconvénient : ils sont fragiles et se cassent facilement en cas de choc.

Il existe aussi des matériaux polymères, naturels ou synthétiques, mais rien n’est aussi parfait que l’os naturel.

Et d’ailleurs quand le cas est plus complexe, on fait une greffe d’os… Mais c’est assez lourd.

Et donc l’objectif de Catherine Picart, c’est de trouver une solution plus naturelle et facile à mettre en œuvre ?

Oui, ça fait presque 20 ans qu’elle a entamé ces travaux.

Avec son équipe et en collaboration avec celle du Professeur Georges Bettega, à l’hôpital d’Annecy, elle a développé un film biomimétique, c’est-à-dire qui mime une matrice naturelle. Il est fait notamment d’acide hyaluronique.

Il forme des sortes de mailles qui permettent d’accrocher un facteur de croissance spécifique qui stimule la formation d’os par les cellules.

Les expériences ont montré que grâce à ce biomatériau, l’os lésé se reconstituait correctement et qu’en plus, il se vascularisait, comme l’os natif !

D’accord et l’étape d’après alors ?

En 2016, l’équipe s’est donné pour objectif de réparer les plus grosses lésions de l’os, celles que le simple film biomimétique ne parvenait pas à réparer.

Pour cela, elle a développé un nouveau matériau pour combler le vide laissé par la lésion. C’est une sorte d’architecture réalisée à façon grâce à une impression 3D, qui va pouvoir être colonisée par les cellules qui fabriquent l’os et qui ont besoin d’un support.

Cette architecture est recouverte du fameux film biomimétique imprégné de facteur de croissance développé initialement par le laboratoire de Catherine Picart.

Et ça marche ?

Très bien ! Le concept a été breveté en 2020.

Aujourd’hui l’équipe travaille en collaboration avec deux autres partenaires, à Annecy et à Bordeaux, pour mettre au point une solution prête à l’emploi qui remplacerait la greffe d’os, parfois nécessaire avant de mettre un implant dentaire.

Et les choses se présentent bien, puisque les chercheurs misent sur un premier essai clinique chez une dizaine de patients en 2026.

Savez-vous que transmettre à la Fondation pour la Recherche Médicale peut sauver des vies ?

Inscrire la FRM dans son testament ou son assurance-vie, c'est un geste de solidarité et d'humanité qui contribue à protéger les générations futures.