Tout savoir sur la ménopause, une fin de cycle délicate

La ménopause est souvent vécue comme un calvaire pour les femmes : outre ses symptômes bien connus comme les bouffées de chaleur, elle peut avoir des retentissements sur la santé à plus long terme. Si les traitements hormonaux substitutifs permettent aux femmes les plus affectées de mieux y faire face, ils comportent des effets indésirables qui limitent leur utilisation.

Les chercheurs souhaitent développer des moyens pour mieux prendre en charge la ménopause et en réduire l’impact sur la santé.

Quelques chiffres sur la ménopause

Selon un rapport sénatorial, on estime que chaque année en France, 500 000 femmes sont concernées par le début de l’installation de la ménopause. 14 millions de françaises sont actuellement ménopausées.

Cette période de la vie est loin d’être anecdotique : en effet, une femme passera un tiers de sa vie ménopausée.

La ménopause peut avoir de grandes répercussions sur les femmes. Ainsi, l’Inserm rapporte que 87 % des femmes ménopausées ont au moins un symptôme, à la suite de l’arrêt définitif de leurs règles. Elles sont 20 à 25 % à souffrir de troubles qui altèrent leur qualité de vie.

Qu’est-ce que la ménopause ?

Selon le « Groupe d’Etude de la Ménopause et du Vieillissement hormonal » du CHU Cochin-Port Royal à Paris (GEMVi), la ménopause correspond « à l’arrêt du fonctionnement de l’ovaire qui survient vers l’âge de 50 ans [NDLR : 51 ans en moyenne], et qui se traduit par l’arrêt des règles et la perte de la fonction de reproduction ». L’organisme ajoute qu’on parle de ménopause « installée », au bout d’un an en absence de règles.

Ce phénomène est lié à une baisse du stock d’ovocytes, les gamètes féminines, dans les ovaires. Les filles naissent en effet avec une réserve d’ovocytes fixe, la réserve ovarienne. Elle diminue au cours du temps : chaque mois lors de l’ovulation, environ 400 ovules sont libérés pour être fécondés. La ménopause débute lorsqu’il reste peu d’ovocytes dans ce stock. Cela entraine une chute de la production d’hormones féminines, les œstrogènes et la progestérone, naturellement sécrétées en vue de préparer la muqueuse utérine à accueillir l’ovule fécondé. Cela explique les différents symptômes ressentis par les femmes à cette période de la vie.

Quels sont les symptômes de la ménopause ?

La ménopause s’accompagne d’une myriade de symptômes liés à la chute des taux sanguins d’hormones féminines. Ces troubles dits « climatériques » touchent de nombreux tissus, et varient selon les femmes. On peut citer :

  • Des bouffées de chaleur, très caractéristiques, qui s’accompagnent de rougeurs, de palpitations et de transpiration ;
  • Des sueurs nocturnes ;
  • Une sécheresse vulvo-vaginale qui affecte la libido en rendant les rapports sexuels inconfortables et douloureux ;
  • Des douleurs dans les seins ;
  • Des troubles urinaires pouvant se traduire par une incontinence ou une hausse des infections urinaires ;
  • Des douleurs articulaires ;
  • Des troubles du sommeil et de l’humeur ;
  • Une anxiété, une fatigue, des pertes de mémoire… ;
  • Parfois, une prise de poids.

Zoom surLa périménopause (ou préménopause)

La ménopause s’installe progressivement : ses manifestations peuvent apparaitre plusieurs années avant l’arrêt complet des menstruations. Les cycles se font plus irréguliers ou peuvent raccourcir. Des premiers symptômes peuvent alors se manifester, comme les bouffées de chaleur.

Quels impacts de la ménopause sur la santé ?

La ménopause a un impact sur le tissu osseux, et le risque de développement d’une ostéoporose. L’os se renouvelle continuellement, au travers d’un processus appelé « remodelage osseux ». Des cellules spécialisées sont impliquées dans ce phénomène : les ostéoclastes chargés de dégrader l’os ancien et les ostéoblastes dont le rôle est de le renouveler. Le manque d’œstrogène déséquilibre ce remodelage, au profit de la dégradation osseuse. L’os devient moins dense, ce qui favorise la survenue de fractures dites « ostéoporotiques ».

La ménopause est également à l’origine d’une augmentation du risque de développement de pathologies cardiovasculaires comme l’infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux ou encore l’hypertension artérielle.

Comme précisé dans la partie consacrée aux signes de la ménopause, elle peut aussi entrainer des troubles gynéco-urinaires.

Enfin, autre impact possible de la ménopause : les altérations de la fonction cognitive. Le GEMVi précise que le manque d’œstrogènes « est suspecté comme étant à l’origine d’une dégradation des fonctions cognitives après la ménopause (capacités de mémorisation, performances verbales, raisonnement abstrait) ainsi que dans la survenue de la maladie d’Alzheimer. » Des recherches restent cependant à mener sur le sujet pour s’assurer que les altérations cognitives sont bien liées à cela.

A noter que, comme le souligne le site Ameli.fr, la ménopause peut aussi avoir des aspects positifs sur certaines affections : régression des fibromes utérins, diminution de l’endométriose et atténuation des migraines.

Comment la ménopause est-elle prise en charge ?

Comme dans beaucoup d’affections, la prise en charge de la ménopause passe par des moyens médicamenteux et non médicamenteux.

Les approches non médicamenteuses sont adaptées pour réduire les symptômes liés à cette période de la vie. Ainsi, il est conseillé d’avoir un régime alimentaire équilibré, de pratiquer une activité physique régulière et d’arrêter le tabac et l’alcool pour lutter contre les maladies cardiovasculaires et la prise de poids. La lutte contre l’ostéoporose passe par une augmentation de l’apport alimentaire en calcium et par la supplémentation en vitamine D (deux facteurs nécessaires à une bonne densité osseuse).

Si le praticien le juge nécessaire et en cas de rapport bénéfices-risques favorable, il peut être instauré un « traitement hormonal substitutif de la ménopause », ou THM. Comme son nom l’indique, ce traitement vise à remplacer des hormones qui ne sont plus produites lors de la ménopause. Il combine ainsi un oestroprogestatif, en association ou non avec un progestatif. Ce traitement est efficace pour réduire les symptômes liés à la ménopause, et en prévention de l’ostéoporose post-ménopausique. Cependant, ces traitements majorent également le risque de survenue de certaines affections (voir encadré) : ils sont ainsi prescrits en cas de symptômes trop sévères altérant la qualité de vie, à une dose minimale, sur une période la plus réduite possible (et pas plus de 10 ans après le début de la ménopause).

D’autres approches médicamenteuses non basées sur les hormones sont aussi utilisées comme des lubrifiants pour lutter contre la sécheresse vaginale.

Zoom surTraitement hormonal substitutif de la ménopause : quels effets secondaires possibles ?

Des études ont mis en évidence des risques liés à l’utilisation du traitement hormonal substitutif de la ménopause.

Concernant le risque de cancer associé au traitement hormonal substitutif de la ménopause, le site de l’INCa partage une synthèse montrant que ce risque varie selon les traitements prescrits. Pour les œstrogènes seuls, le risque de cancer de l’endomètre et de l’ovaire est majoré, et celui du cancer du sein est suspecté d’être augmenté. Pour les œstrogènes associés à la progestérone, les risques des cancers du sein sont accrus (au-delà de 5 ans de traitement), tout comme ceux de l’endomètre. Enfin, pour les œstrogènes associés à un autre progestatif, il y a également majoration des risques de cancer du sein et de l’endomètre. Enfin, une diminution du risque de cancer colorectal a été décrite, mais ces effets protecteurs ne semblent pas clairs.

Ce traitement peut également avoir des retentissements cardiovasculaires. Selon le site Ameli.fr, les œstrogènes augmentent le risque d’accident vasculaire cérébral et la thrombose veineuse (formation de caillots dans les veines), avec un risque moindre pour cette dernière lors d’une administration du traitement transdermique.

Enfin, la Société française d’endocrinologie souligne que le « risque des lithiases biliaires [NDLR : communément appelé « calculs biliaires »] serait augmenté de 50 % environ » par le traitement.

Quels sont les axes de recherche prometteurs ?

Un axe de recherche vise à créer des traitements substitutifs de la ménopause moins générateurs d’effets secondaires que ceux actuellement utilisés, notamment du point de vue cardiovasculaire. L’idée est ici de créer des thérapies qui agissent de la même manière que les hormones féminines, mais sans effet au niveau des veines et des artères.

Dans la même veine, les chercheurs travaillent aussi à des traitements ne faisant pas appel aux hormones pour prendre en charge les signes de la ménopause, comme les bouffées de chaleur. Des équipes sont par exemple parvenues à identifier les neurones ainsi que les récepteurs en cause dans ce symptôme. Des molécules les ciblant sont à l’essai, et leurs effets secondaires passés au crible.

Les chercheurs s’intéressent aussi à une voie alternative aux traitements : pourquoi ne pas retarder l’âge d’entrée dans la ménopause ? Une des voies suivies par quelques équipes est l’autogreffe de tissu ovarien. Il s’agit de prélever ce tissu chez la femme jeune, avant 40 ans. Il serait ensuite congelé en vue d’une réimplantation ultérieure. Cela permettrait de rétablir la synthèse des hormones manquantes lors de la ménopause. Cette technique est à l’essai chez des patientes avant des traitements anticancers pouvant provoquer une ménopause précoce, et donc une infertilité. Cette approche reste éthiquement controversée car, outre retarder la ménopause, elle restaurerait aussi la fertilité.

A côté de cela, il s’agit aussi de mieux évaluer les traitements alternatifs, du point de vue de leur efficacité et leur sécurité, comme l'acupuncture, le yoga et ou autres thérapies complémentaires. Ceci permettra d’orienter au mieux les femmes dans leur prise en charge, et d’améliorer ainsi leur qualité de vie.

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