22 novembre 2021
Altération de la puberté et la fertilité lors d'une exposition précoce au bisphénol A : des mécanismes expliqués
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En bref
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Le projet en détails
Des chercheurs ont mis en évidence chez lanimal un mécanisme par lequel les perturbateurs endocriniens tel que le bisphénol A peuvent altérer le développement des fonctions reproductrices des individus, et ce dès la naissance. Cette découverte est le fruit dune étude initiée il y a 20 ans, grâce au soutien de la Fondation pour la Recherche Médicale.
Ce projet a été soutenu par la FRM dès 2002 lors de la création de léquipe de Vincent Prévot, aujourdhui à la tête du laboratoire « Développement et plasticité de cerveau neuroendocrine » au Centre de recherche Jean-Pierre Aubert de Lille.
Une rencontre entre deux populations de cellules nerveuses
Pour comprendre cette avancée, il faut revenir sur la genèse de la régulation de la fonction reproductrice chez les mammifères.
Le contrôle de la fonction reproductrice chez les mammifères est effectué au niveau du cerveau par les neurones à GnRH, une population de cellules qui apparait lors du développement embryonnaire. Ces neurones régissent tous les processus associés aux fonctions reproductrices telles que la puberté ou la fertilité. Pour sintégrer dans les réseaux cérébraux et effectuer leur action, les neurones à GnRH doivent sarrimer à un autre type de cellules, les astrocytes. Cet agencement se fait au cours dune période appelée « mini-puberté » qui a lieu lors la 1re semaine après la naissance.
Les chercheurs se sont penchés sur limportance de cette rencontre entre neurones à GnRh et astrocytes dans le développement des fonctions reproductrices. De précédentes études avaient montré que les neurones à GnRh étaient sensibles aux perturbateurs endocriniens, eux-mêmes incriminés dans les troubles de la puberté.
Un mécanisme perturbé par le bisphénol A
Les équipes ont ainsi souhaité explorer, chez le rat, leffet dune exposition précoce à un perturbateur endocrinien aujourdhui reconnu, le bisphénol A. Pour rappel, le bisphénol A a longtemps été utilisé dans la fabrication de récipients alimentaires tels que les bouteilles et biberons avant dêtre interdit en France en 2015. On peut néanmoins encore en retrouver dans lenvironnement ou, du fait des processus de recyclage de déchets, dans certains emballages neufs.
Les chercheurs ont soumis les animaux, pendant 10 jours suivant leur naissance, à de faibles doses de bisphénol A. Ils ont alors observé que, sous leffet de la molécule, les astrocytes ne parvenaient plus à sarrimer de manière permanente aux neurones à GnRH. Ce phénomène entraînait un retard pubertaire ainsi quune absence de cycle œstral chez les rates adultes (équivalent du cycle menstruel chez la femme), ce qui suggère que les fonctions reproductives sont affectées.
Le bisphénol A aurait ainsi une action directe sur les cellules, que les chercheurs souhaitent mieux caractériser dans le futur.
Source : Communiqué de presse Inserm, novembre 2021
Pour aller plus loin : Pellegrino G et al. GnRH neurons recruit astrocytes in infancy to facilitate network integration and sexual maturation. Nature Neuroscience 2021. DOI : 10.1038/s41593-021-00960-z.