Maladie d’Alzheimer : comprendre les liens de cause à effet entre infections virales et émergence de la pathologie
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27 août 2024
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Laurent Givalois est chargé de recherche au CNRS et chef de l’équipe « Impact Environnemental dans la Maladie d’Alzheimer » dans le laboratoire « Mécanismes Moléculaires dans les Démences Neurodégénératives » (MMDN) à Montpellier.
Financement accordé à Laurent Givalois en 2020 dans le cadre de l’appel à projets « Maladies neurodégénératives ».
Laurent Givalois et ses collaborateurs ont testé dans un modèle une molécule thérapeutique, activable par la lumière, pour rétablir des ondes électriques cérébrales altérées dans la maladie d’Alzheimer. Les premiers essais ont montré qu’elle pourrait notamment améliorer la mémoire à court terme.
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« Nous avons développé une approche innovante basée sur la photopharmacologie (le contrôle d’une molécule thérapeutique par la lumière) pour rétablir le fonctionnement rythmique de l’hippocampe, siège de la mémoire altéré tôt au cours de la maladie d’Alzheimer. En effet, on sait aujourd’hui que cette maladie est une « oscillopathie », une pathologie où le rythme des ondes électriques qui parcourent le cerveau est altéré. »
« Les neurones communiquent entre eux en générant une activité électrique rythmique ; leur synchronisation génère des oscillations cérébrales à différentes fréquences. Les ondes gamma sont essentielles à la mémorisation, au sommeil ou à l’élimination des déchets cérébraux – comme le peptide bêta-amyloïde, qui s’accumule par plaques dans la maladie d’Alzheimer et finit par provoquer la mort des neurones. Notre objectif était donc de rétablir les ondes gamma dans l’hippocampe pour contrecarrer la dégénérescence des neurones et restaurer les fonctions cognitives. Pour cela, nous avons ciblé le récepteur mGlu5, impliqué dans la génération de ces ondes via des cycles d’activation et de désactivation successifs. »
« Une équipe de chimistes 1, a développé une molécule activable/inactivable par la lumière se fixant sur mGlu5. Pour reproduire le fonctionnement normal du récepteur, avec Charleine Zussy, nous l’avons injectée dans l’hippocampe de souris modèles de la maladie d’Alzheimer, puis soumise à des cycles d’activation/inactivation avec une lumière dans le cerveau. Résultat ? Les rythmes cérébraux et les symptômes de la maladie sont corrigés : la mémoire à court terme des souris traitées s’améliore, l’inflammation cérébrale, la taille des plaques amyloïdes et la modification pathologique de la protéine Tau (l’autre protéine anormale qui s’accumule dans la maladie) diminuent. »
« Aujourd’hui, nous poursuivons cette voie prometteuse : des chercheurs 2 ont amélioré la molécule. L’hippocampe étant une région profonde du cerveau, l’idée est d’injecter cette molécule améliorée dans une zone plus superficielle, en périphérie du cerveau. Et les premiers résultats sont très prometteurs. Les recherches en cours visent aussi à développer une molécule thérapeutique activable par une lumière traversant l’épaisseur du crâne. De quoi, à terme, proposer une solution non invasive pour bloquer les processus neurodégénératifs associés à la maladie d'Alzheimer. »
Lexique
1 Amadeu Llebaria, au Conseil Supérieur des Recherches Scientifiques à Barcelone
2 Amadeu Llebaria, en collaboration avec Cyril Goudet à l’Institut de génomique fonctionnelle de Montpellier
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Maladie d’Alzheimer : comprendre les liens de cause à effet entre infections virales et émergence de la pathologie
Maladie d’Alzheimer : une prise de sang pour diagnostiquer tôt la pathologie
Maladie d’Alzheimer : rétablir les ondes cérébrales
Maladies neurologiques et psychiatriques
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