Comment la maladie de Verneuil est-elle prise en charge ?
20 novembre 2024
De très nombreux mécanismes dans notre corps dépendent de notre horloge interne : régulation de l'appétit, rythme veille/sommeil, température corporelle Mais que savons-nous de son influence sur la douleur ? Marina Carrère d'Encausse, médecin, journaliste et marraine de la FRM, répond à vos questions de santé.
Dans une étude parue en septembre dernier dans la revue Brain, des équipes du Centre de recherche en neurosciences de Lyon montrent que la perception de la douleur varie de manière sinusoïdale au cours de la journée, indépendamment de tout comportement et de toute variation de l'environnement : l'intensité de la douleur ressentie est maximale entre 3 et 4 heures du matin, et minimale entre 15 et 16 heures l'après-midi. L'étude montre aussi que l'horloge interne est responsable de 80 % de la variation de la sensation douloureuse au cours de 24 heures.
Douze jeunes adultes ont accepté de passer 34 heures éveillés, dans des conditions d'isolation temporelle et de routine constante : pas d'horaire, pas de lumière du jour, pas de repas à heure fixe, pas de rythme veille/ sommeil Toutes les deux heures, une source de chaleur variant de 42 à 46 °C était appliquée sur leur bras et les volontaires indiquaient sur une échelle de 1 à 10 l'intensité de la douleur ressentie. Avec ce protocole, les chercheurs ont observé chez tous les sujets une rythmicité très homogène et très significative de la sensation douloureuse au cours d'un cycle de 24 heures.
On ne sait pas pourquoi la sensibilité est maximale entre 3 et 4 heures du matin. On peut penser que l'évolution a mis cela en place afin d'être réveillé rapidement en cas de contact douloureux et d'éviter une menace vitale. Tout comme la chronothérapie 1 a fait ses preuves dans le traitement du cancer, adapter un traitement antalgique en tenant compte du rythme biologique de chaque individu pourrait accroître son efficacité tout en réduisant la dose nécessaire et les potentiels effets indésirables. Cette médecine circadienne est en plein essor, mais cette approche pour le traitement de la douleur reste à valider par des essais cliniques.
Avec Claude Gronfier, neurobiologiste circadien du Centre de recherche en neurosciences de Lyon.
1 Chronothérapie : administration de traitements en fonction de l'horloge biologique du corps.
Si l'horloge interne contrôle beaucoup de fonctions de l'organisme, elle est elle-même sous l'influence de nombreux facteurs qui peuvent la dérégler ou au contraire lui permettre de rester synchrone avec le rythme extérieur où alternent jour et nuit durant des cycles de 24 heures. Ces facteurs sont essentiellement génétiques et environnementaux, comme la lumière, le plus puissant synchroniseur de l'horloge circadienne. Le travail posté de nuit, l'absence de toute exposition à la lumière du jour, les voyages transcontinentaux avec changement de fuseau horaire, mais aussi le vieillissement, certaines maladies neurodégénératives ou des traitements médicamenteux peuvent conduire à une désynchronisation qui, si elle est chronique, peut avoir des conséquences néfastes pour la santé.
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