Un chercheur avec un concept original, des résultats scientifiques solides et qui souhaite tenter d’amener son projet vers un produit thérapeutique ou un diagnostic, est parfois contraint d’abandonner ce projet. En effet, la valorisation de résultats scientifiques sort du champ classique des financements de la recherche publique, dont l’objectif est la production de connaissances et la publication de résultats dans des revues. Et à ce stade, les chercheurs ne sont pas suffisamment accompagnés dans un univers plus « industriel » qu’ils ne maitrisent pas la plupart du temps.

Pour donner le maximum de chances à ces chercheurs porteurs d’un concept original, la FRM a souhaité les soutenir dans la continuité, éviter la rupture et servir de passerelle entre leurs travaux fondamentaux et une recherche plus appliquée, vers un produit de santé : par exemple vers un transfert en essai clinique pour un médicament ou vers une production à grande échelle pour un test diagnostic ou autre procédé de santé. A noter que ces dernières étapes sont extrêmement coûteuses et prises en charge par l’industrie privée.

Tout d’abord les équipes, sélectionnées dans le cadre de ces deux appels à projets et dépendant des organismes de recherche et d’enseignement supérieur publics, ont un niveau scientifique très élevé. Rien de surprenant finalement puisqu’elles avaient déjà été sélectionnées de manière rigoureuse par la FRM pour la qualité de leurs résultats scientifiques, leur capacité à innover et leur niveau remarquable en recherche.

Outre l’aspect financier, les chercheurs bénéficient d’un suivi étroit du projet et d’un mentorat, qui leur permet d’être challengés par des experts. Les questions posées ici lors de la sélection et du suivi de projet sont totalement différentes du questionnement de la recherche fondamentale : Est-ce que la molécule identifiée a la capacité d’être transformée en produit thérapeutique ? Faut-il initier de nouvelles recherches pour avoir un produit plus facilement développable d’un point de vue industriel ? Y a-t-il un besoin médical ? A quels malades le produit sera susceptible de s’adresser ? Combien de temps vont durer les études cliniques ? Ce type de produit a-t-il déjà été développé ?…

Un montant de 75 000 euros sur un an est alloué aux projets en prématuration. Les projets maturation sont un peu plus avancés, et sont dotés d’un financement compris entre 80 000 et 150 000 euros pour 2 ans. Ce dernier constitue une avance remboursable, conditionnée au succès du programme, par exemple via la création d’une start-up ou la concession d’une licence.

L’objectif de ces projets de recherche, qui se situent à la fin de la recherche fondamentale, est de démontrer la faisabilité d’une méthode ou d’une idée. Car c’est une chose d’avoir un résultat scientifique et c’en est une autre d’avoir un produit développable, testé chez l’homme et autorisé par les agences de médicaments.

Les étapes de prématuration puis de maturation de projet vont permettre de vérifier l’efficacité d’une molécule ou d’un procédé thérapeutique, éventuellement en réalisant les premiers tests sur des modèles biologiques ou animaux, de mieux définir la cible de la molécule, de mieux comprendre ses mécanismes d’action, de la transformer et de la sécuriser afin qu’elle ait le plus de chance possible d’être amené au patient. Et toutes ces questions sont posées dans une optique de développement, d’application, ce qui diffère de la recherche fondamentale.

Ce qui différencie l’appel à projet Prématuration de Maturation, c’est le niveau d’avancée du projet vers l’industrialisation, tant d’un point de vue de la recherche que du questionnement en lien avec une application industrielle potentielle. Dans le premier programme, les chercheurs testeront par exemple leur molécule thérapeutique potentielle sur différents modèles cellulaires ou animaux, ils compareront l’efficacité d’une famille de molécules présentant des structures différentes ; dans le second, les chercheurs pourront étudier par exemple la pharmacocinétique de leur molécule, déjà réfléchir à son mode d’administration, aller plus loin dans l’étude de ses effets…

La recherche fondamentale dans le domaine biomédical menée dans les laboratoires de recherche publics, et que soutient la Fondation pour la Recherche Médicale, vise à décrypter les mécanismes à la base du vivant et à faire progresser les connaissances, notamment pour mieux comprendre les maladies. Ces recherches sont menées à tous les niveaux du vivant, de la molécule jusqu’à l’individu. Par définition, la recherche fondamentale n’a pas a priori de finalité et donc pas d’application directe ou immédiate. Mais les connaissances issues de cette recherche sont essentielles, elles permettent de bâtir un socle de connaissances, d’émettre des idées, tester des hypothèses, qui permettront d’aller plus loin vers des applications dont bénéficieront les patients : un médicament, un test diagnostic ou un produit de santé.