Covid-19 : des formes sévères de la maladie liées à des anomalies génétiques et immunologiques

20 août 2021

Une collaboration internationale mise en place par Jean-Laurent Casanova et Laurent Abel est parvenue, notamment avec le soutien de la Fondation pour la Recherche Médicale, à montrer que 20 à 25 % des formes sévères de la Covid-19 peuvent s'expliquer par des causes génétiques et immunologiques. Leurs travaux, publiés au travers de deux articles dans larevue Science Immunology, font suite à de premiers résultats obtenus en 2020 qui expliquaient 10 à 15 % des formes sévères dela pathologie. Les équipes avaient observé que les malades atteints d'une formegrave de la Covid-19 présentent un défaut d'activité des interférons de type I(IFN I), des molécules du système immunitaire qui ont normalement une actionantivirale importante. Les chercheurs ont ici poursuivi leurs investigationsautour de l'impact de l'IFN I sur la gravité de la maladie. Le premier article1 concerne exclusivement les hommes, population plus fréquemment touchée par les formes sévères de la maladie. Les chercheurs ont ainsi réalisé une analyse génétique au sein d'un groupe de 1 200 patients atteints d'une forme grave de Covid-19. Ils se sont plus particulièrement intéressés à leur chromosome X, présent en seul exemplaire pour les personnes de sexe masculin. En lescomparant à un groupe témoin, ils ont mis en évidence chez 16 d'entre eux des variantsdits « perte de fonction » d'un gène impliqué dans la production del'IFN I, le gène TLR7. Ainsi, 1,3% desformes graves de Covid-19 s'expliquent par des anomalies du gène TLR7 chez leshommes.

La deuxième étude2 visait à explorer dans le sang des patients la présence de molécules particulières qui bloquent l'action de l'IFN I : les auto-anticorps anti-IFN de type I. Au terme de leur travail, les auteurs ont démontré que 15 à 20 % des formes sévères de la Covid-19 étaient causées par l'existence de ces auto-anticorps dans le sang des malades. Autre fait intéressant : la présence de ces auto-anticorps anti-IFN-I était très rare avant 65 ans, pour augmenter de manière exponentielle par la suite en vieillissant.

Ces résultats apportent donc des données précieuses pour mieux comprendre les facteurs qui influencent la sévérité de la Covid-19.

D'après le communiqué de presse AP-HP/Inserm du 20 août 2021

Références

1. Asano T et al. X-linked recessive TLR7 deficiency in ~1% of men under 60 years old with life-threatening COVID-19. Science Immunology 2021 : 6 ; 62. DOI: 10.1126/sciimmunol.abl4348.

2. Bastard B et al. Autoantibodies neutralizing type I IFNs are present in ~4% of uninfected individuals over 70 years old and account for ~20% of COVID-19 deaths. Science Immunology 2021 : 6 ; 62. DOI: 10.1126/sciimmunol.abl43

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