Portrait de chercheur : Maud Borensztein

03 juin 2019

Un enfant élevé chez lui par sa famille jusqu'à l'âge de 3 ans développera-t-il les mêmes compétences comportementales et émotionnelles que s'il était au contact d'autres enfants et de professionnels de la petite enfance ? Non, répondent des chercheurs de l'Inserm, de Sorbonne Université et de l'Université de Bordeaux.

Le mode de garde a-t-il une influence sur le développement des enfants ?

Pour arriver à une telle conclusion, ils ont suivi plus de 1 400 enfants vivant à Poitiers et Nancy, de la grossesse de leur mère jusqu'à leurs 8 ans. Concrètement, ils se sont intéressés au mode de garde principal utilisé pour les enfants lorsqu'ils avaient 4 mois, 8 mois, 1 an, 2 ans et 3 ans : mode de garde informel (principalement les parents et parfois les grands-parents ou les voisins), assistante maternelle ou encore mode de garde collectif (garderie, crèche). Puis à 3 ans, 5 ans et demi et 8 ans, ils ont demandé aux mères de ces mêmes enfants de répondre à un questionnaire permettant de mesurer les symptômes comportementaux et émotionnels de leur enfant au moyen de 5 échelles différentes (symptômes émotionnels, problèmes relationnels, hyperactivité-inattention, problèmes de comportement, et comportement prosocial).

Résultat : « L'accès à un mode de garde collectif entre 0 et 3 ans représente une opportunité pour les enfants : il est associé à un meilleur développement psychologique et émotionnel par la suite », explique Maria Melchior, chercheuse à l'Inserm qui a dirigé cette étude. Les enfants qui sont passés par une crèche ou une garderie sont en effet moins susceptibles que les autres de présenter des problèmes émotionnels ou des difficultés relationnelles entre 3 et 8 ans. Ils ont par ailleurs plus de comportements « prosociaux », c'est-à-dire d'empathie et d'attention aux autres, que ceux qui n'ont pas été en crèche, une aptitude importante pour le bien-être et la réussite à long terme. Ces résultats doivent être confirmés à plus grande échelle. Par ailleurs, une autre étude réalisée par des chercheurs de l'Institut national d'études démographiques (Ined) a révélé récemment que « les enfants gardés en crèche ou par une assistante maternelle ont acquis un vocabulaire plus riche que ceux gardés par les parents ou les grands-parents », ce qui souligne le rôle potentiellement bénéfique des activités éducatives proposées par les professionnels de la petite enfance.

Avec Maria Melchior, directrice de recherche Inserm à l'ERES (Équipe de recherche en épidémiologie sociale, Paris).

Avec en moyenne 1,93 enfant par femme en âge de procréer, la France est le pays le plus fécond d'Europe ! Au 1er janvier 2017, le pays comptait ainsi 2,3 millions d'enfants de moins de 3 ans, c'est-à-dire n'étant pas encore en âge d'aller à l'école maternelle. Or l'offre d'accueil pour les moins de 3 ans n'est que de 56,6 places pour 100 enfants, tous modes de garde confondus. D'après les données de la Caisse d'allocations familiales, environ 55 % des familles s'occupent ainsi elles-mêmes de leur enfant, 18 % le confient à une crèche (alors que 30 % le souhaiteraient) et 25 % ont recours à une assistante maternelle.

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