Comment la maladie de Verneuil est-elle prise en charge ?
20 novembre 2024
Le 28 février dernier, le Président de la République a annoncé la mise en place à partir de la rentrée 2023 d'une campagne de vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) au sein des collèges pour tous les élèves volontaires de 11 à 14 ans.
Marina Carrère d'Encausse, médecin, journaliste et marraine de la FRM, répond à vos questions de santé.
Il existe plus de 200 souches différentes de papillomavirus humains. Certaines engendrent de simples verrues cutanées. D'autres infectent les muqueuses (appareil génital, bouche, anus), provoquent des lésions bénignes type condylomes ou verrues génitales, mais aussi des lésions plus dangereuses qui peuvent évoluer en cancer après plusieurs années (plus particulièrement les souches virales 16 et 18). En France, les HPV sont responsables de 6 300 nouveaux cancers chaque année.
Aujourd'hui, l'infection à HPV est l'une des trois plus fréquentes infections sexuellement transmissibles (IST). Dans 60 % des cas, elle survient au tout début de la vie sexuelle. Dans la majorité des cas, soit l'infection n'engendre aucune lésion, soit celle-ci régresse naturellement. Malheureusement, il n'y aucun moyen de prédire quelles lésions vont évoluer jusqu'à un cancer. D'où l'intérêt d'une vaccination préventive : alors qu'en 2021 la couverture vaccinale n'était que 45 % pour les filles et 6 % pour les garçons, l'objectif est d'atteindre 80 % en 2030.
En France, le cancer du col de l'utérus frappe chaque année 3 000 femmes et entraîne 1 100 décès. Depuis 2007, la vaccination contre le HPV est recommandée chez les filles avec pour objectif de réduire la survenue de lésions précancéreuses génitales, et de cancers du col de l'utérus, de la vulve et du vagin. Dans plusieurs pays, la vaccination contre le HPV a fait ses preuves : une vaste étude suédoise publiée en 2020 dans le New England Journal of Medicine a ainsi montré que sur la période 2006-2017, elle a permis de diviser par deux le risque de cancer du col de l'utérus chez les filles vaccinées avant 17 ans. Elle ne supprime en effet pas totalement le risque car les vaccins ne protègent pas contre toutes les souches HPV : un dépistage régulier par frottis cervico-utérin reste indispensable chez toutes les femmes de plus de 25 ans, vaccinées ou non.
Depuis janvier 2021, il est désormais recommandé de vacciner aussi les jeunes garçons. Parce qu'eux aussi peuvent développer des cancers liés aux HPV comme des tumeurs du pénis, de l'anus ou de la bouche. Un quart des cancers liés aux HPV concernent ainsi des hommes, et il n'existe pas de programme de dépistage du HPV chez eux. Mais aussi pour éviter les simples verrues génitales qui peuvent être difficiles à soigner. Enfin pour protéger les femmes qui ne seraient pas vaccinées ou dépistées régulièrement. Car le préservatif ne suffit pas pour prévenir l'infection par HPV, qui peut se transmettre par de simples caresses sexuelles. En vaccinant filles et garçons, on réduit plus efficacement la circulation des virus HPV dans la population générale.
Différents vaccins ont été commercialisés en France depuis 2006, avec des compositions qui ont évolué au fil du temps. Ils ont tous en commun d'être inactivés, c'est-à-dire de contenir des fragments de virus ou des virus rendus inoffensifs. Aujourd'hui, il n'y a plus qu'un seul vaccin recommandé par les autorités de santé : le Gardasil 9© qui cible neuf souches d'HPV, dont les types 16 et 18. Vendu 135 la dose, il est pris en charge à 65 % par l'Assurance maladie. La vaccination est recommandée pour les filles et les garçons de 11 à 14 ans (2 doses), mais peut se faire jusqu'à 19 ans (3 doses) voire 26 ans pour les hommes ayant des relations avec les hommes.
Sources : HAS, vaccination-info-service.fr, Santé publique France
La FRM s'est associée à Océane Sorel, aussi connue sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme The French Virologist, pour sensibiliser aux enjeux de la recherche sur le papillomavirus.
Docteure en virologie, chercheuse française aujourd'hui installée en Californie, Océane Sorel vulgarise la biologie et les maladies infectieuses en particulier sur ses comptes Instagram et Facebook.
Son objectif : lutter contre la désinformation en donnant accès au grand public à une information sourcée et de qualité. Son important travail de vulgarisation scientifique, qu'elle opère avec humour et rigueur à la fois, a déjà séduit plus de 85 000 abonnés sur Instagram.
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