Prix 2024 du Fonds de dotation Line Renaud – Loulou Gasté pour la recherche médicale
03 décembre 2024
17 novembre 2021
La Fondation pour la Recherche Médicale (FRM) est fière et heureuse d'avoir aidé le Fonds de dotation Line Renaud Loulou Gasté à identifier les lauréates de ses Prix 2020 et 2021 pour la recherche médicale : Morgane Bomsel et la Pr Hélène Eltchaninoff.
Depuis la création de son Prix pour la recherche médicale en 2019, le Fonds de dotation Line Renaud - Loulou Gasté confie en effet l'identification de ses lauréats à la FRM.
Créé en 2019, le Prix du Fonds de dotation Line Renaud Loulou Gasté a pour but de récompenser une avancée scientifique majeure, tous domaines confondus (cancérologie, cardiologie, immunologie, neurologie). Il est attribué chaque année à une personnalité scientifique évoluant en France, dans un laboratoire de recherche publique, et est accompagné d'une dotation financière de 60 000 euros au chercheur désigné et à son équipe.
En 2019, Guillaume Canaud fut le premier lauréat de ce prix, récompensé pour ses travaux sur une maladie génétique orpheline appelée syndrome de Cloves.
Depuis près de 40 ans que je suis engagée dans la lutte contre le Sida, j'ai reçu des chercheurs les plus belles leçons d'humilité. Quand les artistes sont applaudis en pleine lumière, les chercheurs œuvrent, eux, dans l'ombre de leurs laboratoires. Encore aujourd'hui, au crépuscule de mon existence, je n'ai d'autre volonté que de prolonger mon soutien à ces femmes et hommes de science.
Morgane Bomsel - VIH, SARS-CoV-2 : bloquer la porte d’entrée du virus
Directrice de recherche au CNRS, Morgane Bomsel est à la tête de l’équipe « Entrée muqueuse du VIH et immunité muqueuse » à l’Institut Cochin, à Paris. Spécialisée dans les mécanismes d’infection par le virus du sida, le VIH, elle contribue également aujourd’hui à la recherche sur le coronavirus SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de Covid-19.
La chercheuse s’intéresse aux muqueuses de l’organisme. Il s’agit des tissus qui tapissent l’intérieur de nos organes et qui peuvent être en contact direct avec l’extérieur, comme les muqueuses buccale, pulmonaire ou sexuelle. Elles sont ainsi en première ligne lors du contact avec les pathogènes, en particulier les virus. Morgane Bomsel décrypte, pour la première fois, les mécanismes d’un système de défense efficace qui nous protège des envahisseurs : des anticorps, fabriqués localement par les muqueuses, peuvent s’attaquer au pathogène.
Au début des années 1990, le sida fait rage et les processus de transmission sexuelle sont encore inconnus. La scientifique oriente alors ses recherches vers la manière dont le VIH franchit les muqueuses sexuelles. Avec son équipe, elle découvre que les cellules épithéliales, qui les bordent, constituent la porte d’entrée du virus. Puis, surtout, elle met en lumière la capacité des anticorps sécrétés par la muqueuse à neutraliser cette entrée. Cela la mène à la conception d’un vaccin contre le VIH, en partenariat avec l’entreprise Mymetics et à un essai clinique de phase 1 prometteur en 2013.
Autre découverte majeure, son équipe montre que certaines cellules immunitaires présentes dans les tissus génitaux sont des réservoirs pour le VIH et, tout dernièrement, que les plaquettes de certains patients abritent aussi du virus. En ciblant ces cellules, les traitements devraient donc gagner en efficacité.
Forte de cette expertise, Morgane Bomsel progresse en parallèle aujourd’hui sur les mécanismes d’infection des muqueuses pulmonaires par le virus SARS-CoV-2. En comprenant comment il les attaque, ses résultats devraient permettre de mieux combattre ce nouveau virus.
Après sa thèse de biophysique de l’Université Paris VI, Morgane Bomsel part en 1987 pour un postdoctorat à l’European Molecular Biology Laboratory en Allemagne, avant de poursuivre ses travaux à l’Université de Californie, à San Francisco. Au cours de ces six années, elle développe des recherches sur les cellules épithéliales et les mécanismes par lesquels elles capturent les molécules et les font entrer dans le corps. Entretemps, en 1988, elle rejoint les rangs du CNRS. À son retour en France, en 1993, elle installe son équipe à l’Institut Cochin, pour y démarrer sa thématique sur l’infection par le VIH. Au fil des ans, ses découvertes s’enchaînent et donnent lieu à une dizaine de brevets. Le tout dernier, en mai 2020, concerne l’infection par le coronavirus SARS-CoV-2.
Pr Hélène Eltchaninoff - Maladie des valves cardiaques : de la recherche fondamentale au protocole révolutionnaire
Cardiologue de renommée mondiale, le Pr Hélène Eltchaninoff dirige le service de cardiologie de l'hôpital de Rouen et coordonne un réseau de recherche dédié au rétrécissement aortique.
Alors jeune interne, en 1986, elle rejoint le service de cardiologie du Pr Alain Cribier, au CHU de Rouen, pour participer au développement d'un traitement destiné à sauver des patients souffrant de rétrécissement aortique. Cette maladie mortelle touche la valve aortique cardiaque, l'une des quatre valves qui orientent le flux sanguin dans les cavités du cœur. L'âge venant, la calcification peut l'empêcher de s'ouvrir correctement. La maladie est particulièrement fréquente : en France, 10 à 15 % des sujets de plus de 75 ans sont concernés. Après des années d'évolution silencieuse, les symptômes apparaissent et signent d'emblée un stade avancé : l'essoufflement surtout, parfois des étourdissements, une pression dans la poitrine. Le traitement, très efficace, consiste à remplacer la valve par une prothèse. Néanmoins cette opération à thorax ouvert, très lourde, excluait jusqu'à une période récente les patients les plus fragiles.
La solution alternative conçue par le Pr Cribier est le remplacement valvulaire aortique percutané (appelé TAVI) : la prothèse, repliée dans un stent (un petit grillage circulaire), est acheminée via l'artère fémorale (avec une ponction au pli de l'aine) jusqu'au cœur, où elle est déployée à l'intérieur de la valve endommagée. En 2002, après des années de mise au point, Alain Cribier et Hélène Eltchaninoff s'illustrent en implantant le premier patient. Depuis, cette technique révolutionnaire a été adoptée dans le monde entier, sauvant plus d'un million de patients. Avec plus de 90 % des interventions réalisées aujourd'hui sous anesthésie locale, les suites opératoires sont minimisées.
Mais la cardiologue n'en reste pas là. Elle a aujourd'hui élargi ses recherches à l'origine moléculaire du rétrécissement aortique, encore inconnue, à sa progression ou encore au diagnostic. Le réseau qu'elle coordonne mène une recherche fondamentale et clinique pour alléger encore le protocole de prise en charge et le substituer à la chirurgie pour tous les patients. Enfin le Pr Eltchaninoff, décidément sur tous les fronts, se consacre aussi à former les cardiologues à l'international et à sensibiliser le grand public sur cette maladie.
Après ses premières années d'études médicales à Paris, Hélène Eltchaninoff débute son internat en cardiologie en 1986 au CHU de Rouen. Puis, après 2 ans de recherche postdoctorale aux États-Unis, elle devient chef de clinique à la Faculté de médecine de Rouen en 1991. Elle est nommée Professeur des Universités-Praticien Hospitalier en 2003 avant de prendre la direction du service de cardiologie en 2010. Elle mène ses travaux de recherche au CHU de Rouen et dans l'unité « Endothélium, Valvulopathies et Insuffisance Cardiaque » (Inserm-Université de Rouen), dont elle codirige la thématique « Valvulopathies ». Depuis 2015, elle coordonne une Fédération Hospitalo-Universitaire et un grand projet de recherche (RHU STOP-AS) unissant partenaires académiques et industriels sur la recherche sur le rétrécissement aortique. Depuis 2018 elle préside notamment la commission scientifique qui organise les Journées européennes de la Société française de cardiologie.
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