Portrait de chercheur : Séverine Boillée

16 janvier 2023

Séverine Boillée dirige l'équipe « Causes de la SLA et mécanismes de la dégénérescence motoneuronale » à l'Institut du cerveau, à Paris. Elle espère trouver des voies et des cibles thérapeutiques inédites pour ralentir la progression de la SLA. Son parcours, ses recherches, mais aussi ses sources d'inspiration et de motivation… décryptage d'une vocation.

Séverine Boillée

Sclérose latérale amyotrophique : cibler les cellules immunitaires

En touchant environ 7 000 personnes en France, la sclérose latérale amyotrophique (SLA) est la maladie neurodégénérative du motoneurone la cellule nerveuse qui commande la contraction des muscles - la plus fréquente. Elle se traduit par une paralysie progressive, fatale un à cinq ans après le début des symptômes. Les motoneurones sont des cellules nerveuses particulières, car ils se trouvent dans le système nerveux central (notamment la moelle épinière) et émettent des prolongements en périphérie pour se connecter aux muscles. Dans la moelle épinière, les motoneurones sont entourés de cellules microgliales qui sont les cellules immunitaires du système nerveux central. Bien que celles-ci soient normalement protectrices, elles peuvent aussi libérer des facteurs toxiques pour les motoneurones et Séverine Boillée a montré que ces cellules microgliales participaient à la progression de la maladie. Par ailleurs, les motoneurones sont en contact, au niveau de leurs prolongements, avec d'autres cellules immunitaires : les macrophages périphériques.

Or récemment, l'équipe de la chercheuse a découvert que ces macrophages périphériques pouvaient modifier les réponses des cellules microgliales et améliorer la survie de souris modèles de la maladie. L'équipe cherche donc à identifier les facteurs protecteurs émis par les macrophages périphériques de patients atteints de SLA. À partir de prélèvements sanguins, l'ensemble des gènes exprimés par ces cellules et des facteurs produits seront comparés à ceux produits par les macrophages d'individus indemnes.

Séverine Boillée espère ainsi trouver des voies et des cibles thérapeutiques inédites pour ralentir la progression de la SLA en agissant directement sur les macrophages périphériques, facilement accessibles.

Lauréate du Prix Fabrice Le Mouhaër 2022

Chaque année, et grâce à la générosité de donateurs, la Fondation pour la Recherche Médicale (FRM) distingue des chercheurs d'exception reconnus pour leurs travaux innovants et prometteurs. Une occasion unique, pour la FRM, de mettre en lumière des scientifiques d'exception qui, en vouant leur vie à la recherche, ouvrent la voie aux thérapies de demain.
Découvrir les lauréats 2022 des Prix de la Fondation pour la Recherche Médicale

Séverine Boillée est lauréate du Prix Fabrice Le Mouhaër. Ce Prix, d'un montant de 40 000 , est issu d'un legs de Denise Le Mouhaër pour honorer la mémoire de son fils Fabrice. Il est destiné à financer la recherche sur la sclérose latérale amyotrophique ou à défaut à toute autre pathologie analogue concernant la neurologie.

BIOGRAPHIE

  • Directrice de recherche à l'Inserm, cheffe de l'équipe « Causes de la SLA et mécanismes de la dégénérescence motoneuronale », Institut du cerveau (ICM, U1127 Inserm/UMR7225 CNRS/ Sorbonne Université), Paris

Séverine Boillée commence ses travaux de recherche sur la dégénérescence du motoneurone dès son master 2 dans le laboratoire de Marc Peschanski, à la Faculté de médecine de Créteil. Elle obtient son doctorat en neurosciences de l'Université Paris XII en 2001 avant de partir en postdoctorat dans le laboratoire du Pr Don W Cleveland, spécialiste mondial des maladies du motoneurone à l'Université de Californie à San Diego. Elle y poursuit ses recherches pendant 6 ans, puis revient en France en 2008, où elle est recrutée par l'Inserm et rejoint l'équipe du Dr Michel Mallat, spécialiste des cellules microgliales, puis crée son équipe « Causes de la SLA et mécanismes de la dégénérescence motoneuronale », en 2014, à l'Institut du cerveau (ICM) et est promue directrice de recherche en 2021.

DISTINCTIONS

2022 Prix Fabrice Le Mouhaër, Fondation pour la Recherche Médicale

2011 Prix NRJ-Institut de France

Savez-vous que transmettre à la Fondation pour la Recherche Médicale peut sauver des vies ?

Inscrire la FRM dans son testament ou son assurance-vie, c'est un geste de solidarité et d'humanité qui contribue à protéger les générations futures.