Greffe : un outil pour optimiser l’attribution des greffons lors de la transplantation rénale
Quelques chiffres sur la greffe
Aujourd’hui, la greffe demeure la dernière option thérapeutique efficace dans de nombreuses pathologies.
L’Agence de Biomédecine indique qu’en 2019, 5 897 greffes ont été pratiquées en France, dont 3 641 greffes de rein, 1 355 greffes du foie et 425 greffes du cœur.
Les besoins en greffons ont considérablement augmenté ces dernières années : 23 828 personnes étaient inscrites sur les listes d’attente de greffe en 2017, contre 12 512 en 2006.
Quels sont les organes concernés et pour quelles pathologies ?
Une greffe (ou transplantation) consiste à remplacer un organe ou un tissu malade par son équivalent sain provenant d’un donneur vivant ou décédé (allogreffe), voire du patient lui-même (autogreffe).
Le rein
La greffe de rein est la plus couramment pratiquée. Elle est proposée en cas d’insuffisance rénale sévère ou terminale (stades où les reins fonctionnent très peu ou plus du tout).
En l’absence de greffe, les personnes souffrant d'une telle atteinte nécessitent une prise en charge par hémodialyse : plusieurs fois par semaine et pendant plusieurs heures, le patient doit être relié à une machine qui joue le rôle des reins, et filtre le sang pour éliminer ses déchets. Ce traitement est très fatigant pour le patient, et la fréquence des séances altère énormément leur qualité de vie.
Le foie
La greffe de foie est tout d'abord indiquée dans le cadre d'une cirrhose alcoolique avancée, une pathologie caractérisée par la destruction des cellules du foie sous l’effet de l’alcool et par leur remplacement par un tissu fibreux. La greffe peut également être proposée lors d’un cancer du foie (ou hépatocarcinome) dans les cas où le cancer reste localisé et suivant l’état du patient, ainsi que dans certaines formes avancées d'hépatite.
Le cœur
La greffe cardiaque est également une technique maîtrisée. Cette option thérapeutique est envisagée en cas d’insuffisance cardiaque avancée, stade où le cœur n’est plus capable de jouer correctement son rôle de pompe pour assurer les besoins de l’organisme. À ce moment, la greffe est le seul recours possible.
Le poumon
Quatrième organe pouvant faire l'objet d’une greffe : le poumon. Une greffe pulmonaire est principalement envisagée lors de pathologies très avancées :
- la bronchopneumopathie chronique obstructive, ou BPCO : maladie inflammatoire qui se caractérise par une obstruction progressive des voies aériennes et des poumons ;
- la mucoviscidose : maladie génétique qui se traduit par une stagnation du mucus dans les voies respiratoires et digestives ;
- la fibrose pulmonaire : pathologie durant laquelle les tissus pulmonaires se transforment en tissus fibreux ;
- l'hypertension artérielle pulmonaire : une augmentation de la pression sanguine dans l’artère irriguant le poumon, qui altère les vaisseaux pulmonaires.
Le pancréas
Il ne faut pas oublier l’existence de greffes pancréatiques, qui concernent des patients atteints de diabète de type 1 ne pouvant être soignés par insulinothérapie traditionnelle et dont le pancréas est à bout de souffle.
Autres organes
Beaucoup plus rarement et dans des cas très restreints, des greffes intestinales ou encore d’utérus peuvent être proposées.
Le cas particulier de la greffe tissulaire
Outre des organes, la greffe peut également concerner des tissus, comme la cornée (en cas d’atteinte visuelle grave), la moelle osseuse (tissu où se forment les cellules sanguines et dont la greffe est requise notamment dans le cadre de certaines leucémies), la peau (en cas de brûlure importante sur une large surface par exemple) ou encore des vaisseaux sanguins (pour le traitement de certaines atteintes cardiovasculaires).
Quels enjeux dans la recherche sur la greffe ?
Augmenter le nombre d’organes disponibles
Premier enjeu de la recherche : faire face à la pénurie d’organes transplantables, ou greffons. En effet, le nombre de donneurs est plus faible que les besoins des patients.
Des réflexions sont menées pour mieux utiliser les organes disponibles, en élargissant, par exemple les critères d’éligibilité pour des organes qui n’auraient, de prime abord, pas été prélevés (donneurs âgés et présentant certains facteurs de risque).
Développer de nouveaux organes
Les chercheurs souhaitent aussi mettre au point des organes artificiels et biocompatibles en vue de suppléer les fonctions déficientes. Des recherches visent ainsi à créer des organes biologiques à partir des propres cellules du patient, donc sans risque de compatibilité.
La fabrication d'organes « bioartificiels » est aussi à l'étude. Il s'agit ici d'utiliser des cellules souches qui sont ensuite mises en culture sur une armature. Les cellules vont ensuite se spécialiser et s'organiser, reformant un organe fonctionnel prêt à être implanté.
Améliorer les conditions de survie du greffon
En parallèle, les chercheurs souhaitent également améliorer les conditions de conservation du greffon durant les étapes de la transplantation. En effet, l'organe prélevé est brutalement coupé du réseau sanguin, et ne reçoit donc ni oxygène ni nutriments de la circulation. Une fois greffé, l'organe est soumis à un stress lorsque la circulation reprend.
Les projets de recherche se tournent ici vers des machines capables de maintenir dans l'organe une circulation d'un liquide, soit réfrigéré soit à température corporelle, afin de favoriser sa préservation avant transplantation. Ici encore, de premiers résultats intéressants ont été obtenus. Par exemple, une équipe française met actuellement au point un dispositif qui permet de prolonger le temps de survie des greffons cardiaques en vue de leur transport sur de plus longues distances. Les prototypes de l'appareil sont prometteurs.
Augmenter la tolérance immunitaire
Autre voie de recherche d'intérêt, améliorer les moyens qui permettent d'atténuer la réaction de rejet du greffon par le receveur. L'organisme de la personne greffée réagit en développant une réaction immunitaire contre le greffon, ce qui conduit à sa dégradation voire à la mort du patient.
Cet écueil est actuellement maîtrisé par la prise de médicaments dits « immunosuppresseurs », qui atténuent la réaction immunitaire. Seulement, ce traitement doit être pris à vie par le receveur et, surtout, il n'est pas dénué d’effets secondaires : l’organisme devient plus sensible aux infections et au développement tumoral.
Aussi, il est nécessaire de développer des thérapies qui permettent de conserver au maximum une immunité contre les pathogènes, tout en atténuant la réaction immunitaire mise en place contre le greffon.
Autre volet : développer des marqueurs qui permettent de dépister rapidement cette réaction de rejet du greffon, en vue de la prendre en charge le plus rapidement possible.
Il reste donc de nombreux défis à relever dans le domaine des greffes d’organes, mais la recherche continue !
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