Diabète de type 1 : comprendre la maturation des cellules pancréatiques pour élaborer une thérapie cellulaire
Le diabète de type 1, aussi appelé diabète insulinodépendant, touche environ 300 000 personnes en France. Cette maladie auto-immune détruit les cellules bêta du pancréas, empêchant la production d’insuline nécessaire à la régulation de la glycémie. L’apparition des symptômes est souvent brutale et inclut soif excessive, fatigue et perte de poids. La prise en charge de ce type de diabète repose sur des injections d’insuline quotidiennes et des mesures hygiéno-diététiques rigoureuses.
La recherche explore des solutions innovantes comme le pancréas artificiel et l’immunothérapie pour améliorer la qualité de vie des patients atteints par la maladie.
Quelques chiffres sur le diabète de type 1
En 2022, plus de 4,3 millions de personnes seraient touchées par un diabète en France, selon les données de l’Assurance maladie. Le diabète de type 1 représente 6 % des cas de diabète, selon le Ministère de la santé, soit environ 300 000 français.
La pathologie serait de plus en plus fréquente. Sa prévalence augmenterait de 3 à 4 % par an chez les enfants et les adolescents selon Ameli. De plus, il est important de préciser que la moitié des cas de diabète de type 1 se déclarent avant l’âge de 20 ans d’après l’Inserm, c’est pourquoi on parle parfois de « diabète juvénile ». Mais cela ne doit pas pour autant faire oublier que certaines personnes développent un diabète de type 1 plus tardivement à l’âge adulte.
Qu’est-ce que le diabète de type 1 ?
Une maladie qui détruit les cellules productrices d’insuline
Le diabète de type 1, ou diabète insulinodépendant, est une maladie auto-immune, au cours de laquelle le système immunitaire détruit certaines cellules essentielles du pancréas, les cellules bêta pancréatiques. Ces cellules sont chargées de produire de l’insuline, une hormone qui intervient dans la régulation du taux de glucose, ou taux de sucre, dans le sang.
Le glucose est un véritable « carburant » pour les cellules, une source d’énergie essentielle aux processus physiologiques, tels que la régulation de la température du corps ou le fonctionnement des cellules cérébrales. L’insuline est sécrétée lorsque le taux sanguin de glucose est important. Elle agit en se fixant aux récepteurs de la paroi des cellules de l’organisme, ce qui active le stockage du glucose dans celles-ci et abaisse en contrepartie le taux de glucose dans le sang. Son objectif est ainsi de maintenir le taux de sucre dans le sang entre 0,7 et 1 g/L.
Lorsque 80 à 90 % des cellules bêta pancréatiques sont détruites, l’insuline n’est plus produite en quantité suffisante ; elle ne peut donc plus réguler le taux de sucre dans le sang. Ainsi, le glucose s’accumule dans le sang de manière chronique, ce qui a des effets délétères sur l’organisme.
Trop de sucre dans le sang, quelles conséquences ?
Si le glucose est indispensable au bon fonctionnement de l’organisme, une hyperglycémie, correspondant à un taux trop élevé de sucre dans le sang, a des conséquences graves. Elle affecte notamment l’intégrité des vaisseaux sanguins, ce qui augmente considérablement le risque de maladies cardiovasculaires telles que l’infarctus du myocarde ou l’accident vasculaire cérébral (AVC). D’autres organes ou régions du corps peuvent être touchés par ces complications vasculaires comme les reins, les yeux et les nerfs des membres inférieurs.
Quels sont les symptômes du diabète de type 1 ?
Les symptômes relatifs au diabète de type 1 sont d’installation brutale, notamment par comparaison aux symptômes du diabète de type 2. Ils se manifestent à la suite d’une longue période silencieuse au cours de laquelle les cellules bêta du pancréas ont peu à peu été détruites. La trop forte quantité de glucose sanguin, ou hyperglycémie, qui résulte du manque d’insuline, se traduit généralement par des troubles de la vision, une soif excessive (polydipsie), une fatigue importante, une faim intense, une perte de poids rapide et une envie fréquente d’uriner (polyurie). On parle aussi de syndrome polyuropolydipsique. Ces symptômes surviennent dans un cas sur deux.
Les signes de la maladie évoluent lorsque la pathologie n’est pas prise en charge. Ils sont la conséquence d’une augmentation des hormones régulant la glycémie de manière inverse à l’insuline, comme le glucagon, qui induit une acidocétose, la libération de grandes quantités de corps cétoniques toxiques pour l’organisme. Il peut alors apparaître des nausées, des vomissements, une perte d’appétit, des odeurs particulières de l’haleine et des urines, ou encore des somnolences. Sans traitement, l’évolution ultime du diabète de type 1 est le coma, puis le décès du patient.
Quels sont les facteurs de risque du diabète de type 1 ?
Des facteurs de risque encore mal identifiés
Les facteurs de risque de développer un diabète de type 1 restent mal connus. On sait cependant que la maladie est liée à l’association de prédispositions génétiques et de facteurs environnementaux. Ces derniers sont d’origines très diverses. Les infections virales, les toxines, la maternité à un âge tardif, le type d’allaitement ou encore le microbiote intestinal pourraient bien accroître le risque de développer la maladie. D’après l’Inserm, l’infection par des entérovirus, comme les échovirus ou le coxsackie B, est le facteur de risque le plus nettement mis en cause dans le diabète de type 1.
Le diabète de type 1 est-il héréditaire ?
Le diabète de type 1 n’est pas héréditaire dans le sens où il ne se transmet pas des parents à l’enfant. En revanche, des facteurs de risque génétiques sont bien présents dans cette maladie. Le risque de développer un diabète insulinodépendant augmente donc fortement si un des parents ou un des frères et sœurs en est atteint.
Comment se fait le diagnostic d’un diabète de type 1 ?
Le diagnostic par mesure de la glycémie à jeun
L’analyse du taux de glucose sanguin, la glycémie, permet de poser un diagnostic de manière très fiable. Il faut toutefois confirmer ce diagnostic par une seconde prise de sang. La glycémie varie en fonction des apports caloriques et des dépenses physiques. À jeun, le taux normal de glucose dans le sang est compris entre 0,74 g/L et 1,06 g/L. Au-dessus de 1,26 g/L lors de deux mesures, on considère que la personne est diabétique. Au-delà de 2 g/L et en présence de symptômes, une seule mesure suffit cependant à poser le diagnostic. Si le diabète de type 1 est diagnostiqué, plusieurs bilans sont conduits en lien avec les différentes atteintes possibles de la maladie. Un bilan rénal, ophtalmologique, lipidique, immunitaire, podologique et dentaire est la plupart du temps réalisé.
La mesure du taux d’hémoglobine glyqué
Aujourd’hui, le suivi de l’efficacité d’un traitement chez un patient réside dans le contrôle du taux sanguin en hémoglobine glyquée. L’hémoglobine est une protéine contenue dans les globules rouges permettant le transport de l’oxygène dans l’organisme. Elle peut également fixer le glucose : on dit alors qu’elle est « glyquée ». L’hémoglobine glyquée, ou HbA1C, reflète donc le taux de glucose dans le sang. On estime qu’un taux compris entre 6 et 7 % témoigne d’un diabète équilibré, et ce, pour les trois mois précédant le test. Le taux d’hémoglobine glyquée est dosé lors de la découverte d’un diabète de type 1 afin d’obtenir une valeur de référence pour le suivi de la maladie.
Quels sont les traitements contre le diabète de type 1 ?
L’insulinothérapie
Le traitement de référence dans le diabète de type 1 est l’administration d’un analogue de l’insuline manquante par des injections sous-cutanées grâce à une seringue ou à un stylo d’injection. Ce traitement suit un schéma basal-bolus. Il consiste à injecter une dose d’insuline à action prolongée par jour et une dose d’insuline à action rapide à chaque repas. L’administration peut également se faire à l’aide d’une pompe à insuline, reliée à un cathéter. La dose d’insuline délivrée varie au cours de la journée, avec un débit de base auquel s’ajoutent des doses lors des prises alimentaires.
Quel que soit le moyen d’administration, le patient doit ajuster ses doses d’insuline en fonction de son taux de sucre dans le sang, mais aussi de son poids, de l’activité physique prévue dans la journée et de la composition de ses repas. Des capteurs de glycémie, à placer sur la peau, lui permettent de mesurer son taux de glucose sanguin à tout moment de la journée. Le patient est ainsi un acteur à part entière de la prise en charge de sa maladie, ce qui nécessite une phase d’éducation thérapeutique lors de la mise en place du traitement pour l’aider à prendre de bons réflexes et à gérer seul ses injections. Cet apprentissage concerne également les habitudes de vie et les risques de complication de la maladie.
Des mesures hygiéno-diététiques strictes
Le respect d’un régime alimentaire équilibré associé à de l’exercice physique est un élément très important de la prise en charge du diabète de type 1. Toujours parmi les interventions non médicamenteuses, on peut aussi citer l’arrêt du tabac en vue de prévenir les complications cardiovasculaires de la maladie.
Quels sont les risques d’un diabète de type 1 mal contrôlé ?
Lorsqu’il est mal contrôlé, le diabète insulinodépendant entraîne un certain nombre de troubles liés aux atteintes vasculaires causées par l’hyperglycémie. Il est très important d’y rester vigilant.
- Troubles cardiovasculaires : pour éviter les complications de ce type, liées à l’hyperglycémie, la tension artérielle et les taux de lipides sanguins doivent être régulièrement contrôlés.
- Insuffisance rénale : en cas de troubles, notamment urinaires, une éventuelle insuffisance rénale doit être recherchée.
- Neuropathie périphérique : il est nécessaire de porter une attention particulière aux pieds des patients diabétiques, car la maladie induit une perte de sensibilité à la douleur. Une simple lésion peut passer inaperçue, mais se trouver à l’origine de graves infections.
- Rétinopathie et problèmes dentaires : les complications telles que la cécité ou les caries peuvent être écartées grâce à un suivi ophtalmologique et dentaire annuel.
De façon surprenante, mais finalement logique, l’hypoglycémie est une autre complication liée à la mauvaise prise en charge du diabète. Elle apparaît si le patient s’injecte des quantités d’insuline trop importantes, faisant chuter son taux de glucose dans le sang. La conséquence la plus grave est l’acidocétose diabétique. Pour récupérer de l’énergie, l’organisme libère des réserves de graisses appelées « corps cétoniques » qui s’accumulent de manière toxique dans le sang.
Quels sont les axes de recherche sur le diabète de type 1 ?
Mieux comprendre les risques liés au diabète de type 1
Tout d’abord, la recherche s’attelle à identifier les facteurs de risque du diabète de type 1 afin de dépister la maladie au plus tôt. En tant que facteur de risque potentiel, le microbiote intestinal est au cœur de nombreux travaux. Ces derniers étudient les modifications que le microbiote subit au cours de la maladie, mais aussi ses effets protecteurs. Les chercheurs travaillent par ailleurs sur les risques de complication de la pathologie, et notamment sur les risques cardiovasculaires, dont une meilleure compréhension pourrait permettre de mieux prendre en charge la maladie.
Remplacer les cellules pancréatiques détruites
Du côté des traitements, des espoirs portent sur la thérapie cellulaire. Il s’agit de prélever, chez les patients atteints de diabète, des cellules souches immatures ayant la capacité de se multiplier et de se spécialiser en n’importe quel type de cellules adultes. Transformées en cellules bêta pancréatiques en laboratoire, ces cellules pourraient être réinjectées chez les patients afin de remplacer celles détruites au cours de la maladie. Cette technologie nécessite néanmoins de comprendre les mécanismes en jeu dans la maturation des cellules bêta, afin qu’elles puissent être fonctionnelles une fois greffées.
La possibilité de greffe de pancréas ou de cellules bêta pancréatiques provenant de donneurs est également explorée. Un écueil cependant, cette approche nécessite des traitements immunosuppresseurs pour éviter un rejet. Cette technique fait néanmoins l’objet d’essais pour la prise en charge des formes de diabète difficiles à équilibrer. Des recherches visent également à améliorer la prise de ces greffes, en testant par exemple la transplantation combinée d’îlots pancréatiques et de tissu parathyroïdien. En 2020, cette méthode a reçu un avis favorable de la HAS dans certains cas de diabète de type 1, en particulier ceux présentant des hypoglycémies sévères récurrentes.
Une approche également en cours d’investigation consiste à stimuler la régénération des cellules pancréatiques en ciblant des mécanismes spécifiques permettant de revenir à une production d’insuline normale.
Pancréas artificiels et immunothérapie
La mise au point de « pancréas artificiels » est également dans les objectifs de certains laboratoires. Il s’agit de pompes à insuline couplées à des capteurs de glycémie, permettant de véritablement supplanter l’organe par l’injection d’insuline en continu, selon les besoins de l’organisme et sans mesure de la glycémie par le patient. Des appareils sont actuellement à l’essai en France.
Enfin, une autre piste réside dans l’utilisation de médicaments modulant système immunitaire afin qu’il ne s’attaque plus aux cellules bêta pancréatiques : c’est l’immunothérapie. Ces recherches sont en cours et pourraient aboutir dans le futur. Un traitement, le teplizumab, semble particulièrement prometteur pour retarder l’apparition du diabète de type 1. Homologué aux États-Unis depuis 2022, il est toujours en attente de décision en Europe.
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