On le sait, la hausse de la température à la surface du globe constitue un aspect majeur du changement climatique. Cette hausse n’est pas homogène autour du monde. Ainsi, au Sénégal, les températures ont augmenté deux fois plus vite que la moyenne mondiale depuis la période préindustrielle.

Cela pose un véritable problème car dans un contexte de ressources limitées pour lutter contre les effets du changement climatique, ces températures extrêmes ont un impact sur la santé des populations. Les femmes enceintes sont parmi les groupes les plus vulnérables car les températures élevées affectent leur santé physique et mentale. Des conséquences sont possibles sur la santé du fœtus et du nouveau-né lorsque l’on sait, par exemple, que l’allaitement maternel est difficile lors de ces périodes de fortes chaleurs. Les jeunes enfants sont également impactés. Ils semblent présenter des troubles cognitifs et comportementaux dans le contexte de ces températures extrêmes. Les impacts des températures extrêmes pourraient ainsi compromettre les progrès récents en matière de réduction de la mortalité materno-infantile.

C’est dans ce cadre que prend place ce projet. Il vise à explorer les conséquences des températures extrêmes sur la santé maternelle et infantile dans une région du Sénégal et à développer des interventions pour en réduire les impacts.

Les compétences complémentaires de médecins, d’épidémiologistes, de sociologues, de climatologues, d’anthropologues, de spécialistes de santé publique et de géographes apporteront à la fois une vision globale du sujet et un angle novateur.

L’équipe se focalise plus particulièrement sur une région située au Nord-Est du Sénégal, Matam, qui affiche à la fois les plus hautes températures extrêmes (s’élevant de 45 à 50°C) et le nombre de décès le plus élevé au cours des vagues de chaleur des dix dernières années.

Durant ce projet, elle se penchera sur l'évolution des inégalités des températures extrêmes dans cette région, ainsi que celle des maladies sensibles au climat pour les femmes et les enfants, entre 2013 et 2022. A cette fin, l’équipe croisera l’imagerie satellitaire à haute résolution, les données météorologiques et les données de santé publique.

Ensuite, grâce à une approche participative, il s’agira de coconstruire avec les populations concernées des stratégies efficaces et acceptables socialement pour préserver la santé des mères et des bébés dans ces conditions extrêmes. Ce travail sera complété par un volet concernant la santé mentale (financé par l’Inserm). Enfin, l’équipe mobilisera des méthodes scientifiques pour évaluer la mise en œuvre et l’impact de ces interventions déployées dans quelques villages.

Les résultats permettront de formuler des recommandations opérationnelles pour la prise de décision au niveau local et national afin de s’attaquer aux effets pour la santé des inégalités en matière de températures extrêmes. Et, pourquoi pas, transposer cette approche à la France où les besoins sont criants.