01 juin 2017

Greffes : vers une nouvelle génération d’immunosuppresseurs

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En résumé

Cette découverte a été réalisée par Bernard Vanhove, Gilles Blancho et l'équipe « Immunotherapeutics in transplantation and autoimmunity » dans le Centre de recherche en transplantation et immunologie de Nantes.

400 000 €

Financement reçu par Bernard Vanhove en 2008 pour ses recherches sur ce sujet et qui a contribué au développement de cette molécule.

Les personnes transplantées sont contraintes de prendre à vie des traitements dits « immunosuppresseurs » visant à éviter les réactions de rejet de greffe.

Ces traitements ont des effets secondaires importants, ce qui explique l'engouement des chercheurs à en développer de nouveaux.

Une équipe a récemment fait un pas en ce sens, en testant avec succès une nouvelle molécule immunosuppressive lors d'un essai clinique de phase I.

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La découverte en détails

La greffe en France

La greffe vise à remplacer un organe ou un tissu malade par son équivalent sain provenant d'un donneur. C'est une option thérapeutique courante dont bénéficient de plus en plus de personnes : entre 2006 et 2015, le nombre de greffes réalisées en France a augmenté de 30 %, pour atteindre 5 746 en 2015. Si cette technique a montré son intérêt dans nombre de pathologies sévères (insuffisance cardiaque avancée, cirrhose, insuffisance rénale terminale), elle comporte des contraintes fortes.

Une immunosuppression obligatoire

Après une transplantation, l'organisme du patient développe une réaction immunitaire contre le greffon, qui conduit à sa destruction entraînant un retour à la dialyse (pour le rein) ou au décès (pour le cœur, le foie et les poumons) : c'est le rejet de greffe. Pour lutter contre cette réaction immunitaire inappropriée, les patients doivent prendre à vie des traitements dits « immunosuppresseurs ».

Seulement, freiner le système immunitaire n'est pas dénué de conséquences : le traitement augmente les risques de cancers, d'infections, de maladies cardiaques et rénales. Les chercheurs travaillent donc à la mise au point de nouveaux médicaments permettant de contrôler plus finement la réaction immunitaire, afin d'éviter ces effets délétères. Dans ce cadre, l'équipe conduite par Bernard Vanhove a fait une avancée importante en montrant au sein d'une population de volontaires sains le potentiel d'une molécule destinée à moduler la réponse immunitaire.

Un essai de phase I prometteur

Le traitement utilisé est un fragment d'anticorps, une molécule capable de se fixer spécifiquement sur une cible pour en inhiber son action biologique. Ici, l'anticorps cible une protéine appelée CD28 présente à la surface de certaines cellules du système immunitaire. Les chercheurs l'ont testé au cours d'un essai clinique de phase I chez un groupe de 64 personnes volontaires et non malades, dont certains ont également reçu une dose d'antigène pour générer une réponse immunitaire. L'idée était de tester la tolérance et le potentiel effet immunosuppresseur de la molécule. Au terme de cet essai, il s'avère que la molécule a répondu aux attentes des chercheurs : elle est bien tolérée par l'organisme, et permet de moduler la réponse immunitaire. Un essai clinique de phase II devrait permettre de déterminer les doses optimales d'utilisation chez les patients.

Des indications également dans les maladies auto-immunes

A noter, cet immunosuppresseur pourrait avoir une utilisation bien plus large que celle du rejet de greffe. En effet, le traitement pourrait également avoir sa place dans la prise en charge des maladies auto-immunes, au cours desquelles le système immunitaire se retourne contre certains tissus de l'organisme (articulations dans la polyarthrite rhumatoïde, cellules pancréatiques dans le diabète de type 1). Cela explique pourquoi l'équipe souhaite, en plus d'un essai chez les patients greffés rénaux, tester leur molécule chez des personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde. Une véritable avancée qui, si elle se confirme, pourrait déboucher sur un nouveau traitement modulateur de l'immunité.

Source : Poirier N et al. First-in-Human Study in Healthy Subjects with FR104, a Pegylated Monoclonal Antibody Fragment Antagonist of CD28. J Immunol 2016 : pii: 1601538.

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