L'équipe de Geneviève Derumeaux s'intéresse à une conséquence commune à l'obésité et au vieillissement.

Ces deux phénomènes ont des effets négatifs sur le fonctionnement du cœur : ils entrainent la formation d'un tissu fibreux au sein du muscle cardiaque, ce qui diminue sa contraction et son élasticité.

A terme, cette fibrose peut être à l'origine d'une insuffisance cardiaque. L'insuffisance cardiaque correspond à un état dans lequel le cœur n'est plus capable d'assurer son rôle de pompe, et donc d'alimenter correctement l'organisme en sang. Le cœur ne peut alors plus répondre aux besoins énergétiques du corps, et lui amener oxygène et nutriments.

Cette pathologie chronique est irréversible : une fois installée, elle s'aggrave. Aussi, il est important de découvrir des moyens de prévenir son apparition en limitant le développement de la fibrose cardiaque, et de mettre en évidence de nouvelles pistes thérapeutiques exploitables dans la maladie.

Les travaux menés par l'équipe de Geneviève Derumeaux ont apporté un nouvel éclairage sur les relations entre obésité, vieillissement et fibrose cardiaque. Les chercheurs ont notamment montré qu'une protéine, appelée « ostéopontine », joue un rôle important dans le développement excessif dune fibrose cardiaque lors du vieillissement.

L'équipe a ensuite prouvé que la principale source de cette protéine est le tissu graisseux situé dans l'abdomen.

Enfin, chez la souris, les chercheurs ont montré que l'ablation de ce tissu graisseux a pour effet de diminuer les taux sanguins d'ostéopontine, ce qui limite la fibrose cardiaque et restaure un fonctionnement normal du cœur au cours du vieillissement.

Les chercheurs en ont donc conclu que l'ostéopontine pourrait être une cible thérapeutique intéressante pour prévenir la fibrose cardiaque au cours de l'obésité et du vieillissement. Ils ont ainsi développé des molécules capables de bloquer ses effets. L'administration de ces molécules chez des souris vieillissantes entraîne une réduction importante de la fibrose du cœur liée à l'âge.

Forte de ces premiers résultats prometteurs, l'équipe souhaite poursuivre ses investigations sur les phénomènes induits par l'ostéopontine au cours du développement d'une insuffisance cardiaque.

Les chercheurs poursuivent plusieurs objectifs durant ce projet. Il s’agira ainsi d'explorer le rôle de l'ostéopontine dans l'insuffisance cardiaque induite par l'obésité et l'âge chez des modèles animaux, mais également chez l'Homme.

Les chercheurs souhaitent également mieux comprendre les mécanismes moléculaires impliqués dans l’induction d'une fibrose cardiaque par l'ostéopontine. Cela leur permettra d’identifier des biomarqueurs qui pourraient s'avérer utiles dans le cadre du suivi des patients.

Enfin, un troisième volet de leur étude sera consacré à améliorer leurs connaissances des phénomènes en jeu lors du blocage de l'ostéopontine par les molécules qu'ils ont mis au point.

Ce vaste projet pourrait déboucher sur de nouvelles pistes pour prévenir l'installation d'une insuffisance cardiaque dans le contexte de l'obésité et du vieillissement.