Sida : comprendre les facteurs de défense cellulaire pour lutter contre le virus
01 janvier 2014
Mise au point d’une thérapie génique contre le sida
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En résumé
Projet mené par Fatima Boutimah
Cette découverte a été réalisée par Fatima Boutimah au sein du laboratoire de virologie expérimentale de l'université d'Amsterdam.
Le projet de Fatima Boutimah a été sélectionné par le Conseil scientifique de la Fondation pour la Recherche Médicale en 2009.
Elle a été financée à hauteur de 24 000 sur 1 an pour mener à bien cette étude.
Les thérapies actuelles du Sida sont lourdes pour les patients et ne permettent pas leur guérison totale.
Une des solutions envisagées par les chercheurs serait de modifier génétiquement les cellules cibles du virus, les lymphocytes T, afin de les rendre résistantes au virus.
Fatima Boutimah a mis au point une méthode prometteuse exploitant ce principe.
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En détails
Infecter la cellule pour se multiplier
Le sida, ou syndrome de l'immunodéficience acquise, est lié à l'infection de l'organisme par un virus : le VIH. Celui-ci s'attaque à des cellules spécifiques, les lymphocytes T4, essentielles à la mise en place d'une réaction immunitaire. Le VIH se sert des éléments présents dans la cellule pour se reproduire. À cette fin, il injecte son matériel génétique dans celui de sa cellule hôte. C'est ensuite elle qui, grâce à sa machinerie interne, synthétise et assemble les différents constituants viraux. Au terme de ce cycle, les virus nouvellement synthétisés ressortent de la cellule pour en réinfecter d'autres. Les cellules ainsi infectées sont détruites. Cette contagion par le VIH détruit donc petit à petit la réserve de lymphocytes T4 de l'organisme, ce qui le rend de plus en plus sensible aux infections opportunistes, infections se développant lorsque le système immunitaire est déficient.
Rendre les cellules insensibles à l'infection
Les thérapies actuelles visent à empêcher la multiplication des virus au sein de ces cellules. Néanmoins, elles présentent des limites : ce sont des traitements lourds, qui présentent une toxicité et des effets secondaires importants. De plus, le virus s'y adapte vite et développe en retour des mécanismes de résistance. L'idée développée par Fatima Boutimah et son équipe d'accueil est de mettre au point une thérapie génique pour les personnes atteintes du sida.
Les chercheurs souhaitent rendre les lymphocytes T4 résistantes au virus. « Nous avons exploré une stratégie thérapeutique ciblant simultanément les composants appartenant au VIH et aux cellules infectées » explique Fatima Boutimah. Pour cela, l'équipe a utilisé une technique appelée « ARN interférence ». Elle consiste à faire fabriquer par des lymphocytes T des molécules particulières, les shARN, en vue de bloquer spécifiquement certains gènes essentiels à la multiplication virale.
Dans un premier temps, les scientifiques ont mis en évidence ces gènes. Ils ont ensuite fait produire aux lymphocytes des shARN spécifiques pour les bloquer et ainsi empêcher la reproduction virale. Leur approche a été couronnée du succès, la multiplication du virus étant inhibée par les molécules.
Vers une action synergique avec les antirétroviraux
Dans un deuxième temps, Fatima Boutimah et son équipe ont expérimenté les effets de ces shARN combinés à des médicaments traditionnels, les antirétroviraux. Dans la plupart des cas, les shARN augmentaient l'action de ces traitements. Les effets les plus importants ont été notés pour la combinaison des shARN avec l'indinavir, un traitement couramment prescrit lors de la maladie.
« Avec cette étude, nous avons montré qu'il était possible d'obtenir des effets synergiques entre thérapie génique et traitements conventionnels du Sida. Ces résultats restent maintenant à valider chez des modèles in vivo » conclut la chercheuse.
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Source : Boutimah F et al. Antiviral strategies combining antiretroviral drugs with RNAi-mediated attack on HIV-1 and cellular co-factors. Antiviral Res 2013 ;98 : 121-9._
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