Pierre Léopold, Grand Prix FRM 2017

12 octobre 2017

Le Grand Prix 2017 de la Fondation pour la Recherche Médiale a été décerné à Pierre Léopold, directeur de recherche de classe exceptionnelle à l'Inserm. Sa contribution majeure à la compréhension des mécanismes du contrôle de la croissance des organismes est ainsi récompensée. Retour sur son parcours et de ses travaux.

Pierre Léopold

Pour cet ancien élève de l'École Normale Supérieure de Saint-Cloud, titulaire d'un doctorat de l'Université de Nice, l'histoire s'écrit lors de son postdoctorat à l'Université de Californie à San Francisco. Il y étudie le contrôle de la prolifération des cellules au cours du développement embryonnaire. Il utilise pour cela un animal modèle reconnu pour sa capacité à révéler les mécanismes fondamentaux de la formation des organismes : la drosophile, encore appelée mouche du vinaigre, un modèle biologique qui reste son objet d'étude.

À son retour en France, un pôle de « drosophilistes » se constitue autour de lui à Nice. Cette émulation issue d'une collaboration étroite avec ses nouveaux collègues inspire ses travaux : il modifie progressivement ses directions de recherches et s'intéresse alors avec succès aux mécanismes de croissance de l'organisme. Il est aujourd'hui à la tête de l'équipe « Génétique et physiologie de la croissance » à l'Institut de Biologie Valrose, à Nice.

La drosophile, modèle biologique puissant

Utilisée comme organisme modèle de laboratoire depuis plus de 100 ans, la drosophile a de nombreux atouts : une petite taille, un élevage facile et un cycle de reproduction rapide. La manipulation de ses gènes est aisée et c'est aussi le premier insecte dont le génome a été séquencé. Et comme un grand nombre de ses gènes sont aussi présents dans l'espèce humaine, cela en fait un modèle de choix pour étudier les mécanismes biologiques dans des conditions normales ou pathologiques. La recherche fondamentale menée par Pierre Léopold grâce à ce modèle, a parmi ses objectifs le transfert de ses découvertes à l'Homme.

Petite mouche deviendra grande

L'approche pluridisciplinaire choisie par le chercheur, associant génétique et physiologie, l'a mené à des concepts nouveaux et à des découvertes majeures dans les domaines suivants :

  • les mécanismes de contrôle de la croissance des tissus et la détermination de la taille finale de l'adulte ;
  • l'harmonisation des proportions relatives entre les différents organes ;
  • l'adaptation de la croissance aux conditions extérieures, en particulier à la restriction alimentaire ;
  • la coordination entre l'arrêt de la croissance et la transition vers l'état adulte.

L'équipe a ainsi pointé l'importance d'un tissu appelé le « corps gras » (l'équivalent fonctionnel du foie et du tissu adipeux dans l'espèce humaine), qui orchestre la croissance de l'organisme entier. Pour cela, il capte les variations nutritionnelles de l'environnement et, en retour, module certaines hormones de la famille de l'insuline.

Les travaux menés par Pierre Léopold l'ont récemment conduit sur la piste d'une nouvelle hormone, essentielle au cours de la croissance. Cette cousine de l'insuline veille à ce que les tissus se développent de manière harmonieuse et atteignent une taille correcte avant la transition vers l'état adulte.

Des retombées multiples en médecine

Les mécanismes découverts depuis plus de 25 ans par le scientifique n'en finissent pas d'avoir des retombées en biologie humaine.

Les molécules identifiées dans le contrôle de la prolifération cellulaire embryonnaire chez la drosophile ont aujourd'hui leur alter ego chez l'Homme. Et elles ont aussi été mises en cause dans le développement tumoral.

Les circuits hormonaux impliqués dans la réponse au régime alimentaire mènent à l'étude des dérèglements métaboliques et aux pathologies comme le diabète et l'obésité.
Enfin, le volet concernant la taille finale apporte aujourd'hui des perspectives inédites en médecine régénérative.

LEXIQUE

Physiologie : étude des fonctions et des propriétés des organes et des tissus des êtres vivants.

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