Vers une thérapie innovante de l’azoospermie non obstructive, une forme d’infertilité masculine
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L’infertilité concerne 1 couple sur 8 en France et 48 millions de couples dans le monde. Les causes, parfois inexpliquées, incluent des facteurs hormonaux, génétiques ou environnementaux affectant les hommes comme les femmes. La prise en charge de l’infertilité débute par un diagnostic précis qui précède la mise en place de traitements adaptés, allant de la modification des habitudes de vie à l’assistance médicale à la procréation (PMA), en passant par des traitements hormonaux ou de la chirurgie.
La recherche travaille aujourd’hui sur des thérapies innovantes, sur l’impact des perturbateurs endocriniens et sur l’amélioration des techniques de PMA.
Les problèmes d’infertilité sont très fréquents dans la population. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que l’infertilité touche 48 millions de couples et 186 millions de personnes à travers le monde. Selon l’Inserm, en France, 1 couple sur 8 consulte en raison de difficultés à concevoir un enfant. 10 % des couples restent infertiles après 2 ans de tentatives. Aussi, la moitié des femmes ne pourraient plus procréer au-delà de 40 ans et la fonction de reproduction deviendrait quasi nulle après 45 ans.
Selon l’Assurance maladie, un couple est considéré comme infertile lorsqu’une grossesse n’est pas obtenue après 12 à 24 mois de rapports sexuels réguliers, c’est-à-dire à une fréquence de 2 à 3 fois par semaine, et sans contraception. Il est important de rappeler que plusieurs mois peuvent être nécessaires pour déclencher une grossesse naturelle chez un couple jeune et en bonne santé. Il n’y a donc aucune raison de s’alarmer avant de passer ce délai.
L’Assurance maladie précise que l’infertilité est d’origine féminine dans 25 % des cas, d’origine masculine dans 25 % des cas et les deux à la fois dans 25 % des cas. L’infertilité reste cependant inexpliquée dans 25 % des cas. Il est aussi important de ne pas confondre l’infertilité, qui représente la difficulté rencontrée par un couple à concevoir un enfant, et la stérilité, qui est une incapacité totale et irrémédiable.
Si certaines formes d’infertilité restent inexpliquées, on peut néanmoins dégager différentes causes principales répertoriées chez la femme et l’homme.
Plusieurs facteurs communs aux deux sexes peuvent affecter la fertilité. On peut notamment citer l’âge, qui engendre une baisse de la fertilité, le tabagisme, l’alcoolisme et la consommation de drogues, le surpoids et l’obésité, le stress, les facteurs environnementaux, comme l’exposition aux pesticides, aux perturbateurs endocriniens, ou à des traitements médicamenteux tels que la chimiothérapie, ou encore les problèmes hormonaux liés à des pathologies hypothalamo-hypophysaires, les structures cérébrales qui régulent la production hormonale.
L’infertilité féminine peut être liée à de multiples raisons, dont les principales sont les suivantes.
Plusieurs éléments peuvent être à l’origine d’une infertilité du côté de l’homme. De façon non exhaustive, on peut citer les raisons suivantes.
En premier lieu, une consultation spécialisée est organisée afin d’identifier des causes ou des facteurs de risque d’infertilité au sein du couple. À l’aide d’un interrogatoire poussé, le praticien s’intéresse en particulier à l’âge des patients, à la fréquence de leurs rapports sexuels, aux antécédents médicaux du couple, tels que les problèmes gynécologiques ou testiculaires présents et passés, à la présence de pathologies génétiques ou chroniques comme le diabète ou certains cancers, aux habitudes de vie comme le tabagisme, l’alcoolisme, la consommation de drogues ou l’exposition à la chaleur chez l’homme, un facteur qui influence la production des spermatozoïdes, et enfin, aux facteurs de risque professionnels, tels que l’exposition à des produits chimiques ou à des radiations.
Cet entretien spécialisé est complété par un examen physique qui vise à dépister visuellement des anomalies de l’appareil reproductif chez la femme ou chez l’homme.
Plusieurs types d’examens complémentaires peuvent être entrepris chez la femme. Le praticien peut entre autres réaliser une analyse des courbes de température sur deux mois pour déterminer la présence et le rythme de l’ovulation, une prise de sang pour doser les hormones, une hystérographie, un examen radiologique qui consiste à utiliser un produit de contraste pour vérifier que les trompes ne sont pas obstruées, ou une échographie pelvienne pour faire le bilan de la quantité d’ovocytes présents dans les ovaires et détecter d’éventuelles anomalies.
Chez l’homme, le praticien a en premier lieu recours à un spermogramme ou spermocytogramme, c’est-à-dire à une analyse du sperme du patient en vue de caractériser le nombre, la mobilité et les anomalies de forme des spermatozoïdes. Des analyses de sang peuvent aussi être effectuées pour rechercher certains troubles hormonaux, comme chez la femme. Une biopsie testiculaire offre enfin la possibilité de dépister d’éventuels dysfonctionnements. Si l’ensemble de ces bilans sont infructueux, de plus amples investigations peuvent être entreprises, comme des tests génétiques ou des examens post-coïtaux, qui consistent à évaluer l’interaction entre la glaire cervicale de la femme et les spermatozoïdes de l’homme.
L’analyse du spermocytogramme réalisée par le praticien peut déboucher sur plusieurs cas de figure : l’oligospermie, qui indique une quantité anormalement faible de spermatozoïdes, la tératospermie, qui désigne une grande proportion de spermatozoïdes de forme anormale, l’asthénospermie, qui qualifie un sperme comprenant des spermatozoïdes peu mobiles, ou l’azoospermie, qui correspond à une absence totale de spermatozoïdes.
La prise en charge de l’infertilité dépend naturellement de ses causes. Elle est très variable et peut inclure des mesures hygiéno-diététiques, de la chirurgie, des traitements médicamenteux, ou une assistance médicale à la procréation.
Le premier type de traitement suggéré pour l’infertilité consiste à agir sur les habitudes de vie du patient, afin de modifier certains facteurs de risque, ce qui peut s’avérer bénéfique, comme l’arrêt du tabac et de la consommation d’alcool, la perte de poids en cas d’obésité, l’amélioration du régime alimentaire ou la pratique d’une activité physique. Une supplémentation en acide folique peut aussi être proposée aux femmes.
Lorsque l’infertilité est liée à une obstruction des organes de reproduction, une chirurgie peut être mise en place afin de rétablir les voies bouchées, comme dans le cas de fibromes utérins, de certaines endométrioses ou de syndromes des ovaires polykystiques chez la femme. La chirurgie est aussi proposée pour traiter les varicocèles, des formes de varices au niveau des testicules chez l’homme.
En dehors du traitement des maladies ayant pour conséquence une diminution de la fertilité, des traitements hormonaux peuvent être prescrits afin de provoquer et de stimuler l’ovulation chez la femme. Le même type de traitement thérapeutique peut être indiqué chez l’homme en cas d’anomalies du même ordre.
En dernier recours, le couple peut faire appel à l’assistance médicale à la procréation (PMA). Selon l’Agence de biomédecine, 27 000 enfants sont nés à la suite d’une procréation médicalement assistée en 2022. Plusieurs voies sont possibles. La première est l’insémination artificielle ou « intra-utérine », qui correspond à l’injection de spermatozoïdes prélevés chez le patient directement dans la cavité utérine de la femme lors de la phase d’ovulation. Cette opération est accompagnée d’un traitement hormonal de stimulation ovarienne qui a pour but de faciliter la fécondation.
La deuxième option de PMA est la fécondation in vitro, ou FIV, qui consiste à réaliser la fécondation des spermatozoïdes et des ovules en laboratoire. Les embryons sont ensuite implantés dans l’utérus. Les gamètes proviennent soit du couple lui-même, soit d’un donneur ou d’une donneuse selon le type d’infertilité mis en cause.
La cryoconservation des gamètes, qui consiste à congeler des spermatozoïdes ou des ovocytes, n’est pas un traitement à proprement parler. Il s’agit plutôt d’une mesure préventive dans le cas d’une chimiothérapie ou d’une chirurgie pouvant mettre en péril la fertilité. Son usage en dehors d’une condition clinique pouvant affecter la fertilité, par exemple pour des raisons personnelles, est autorisé par la loi de bioéthique de 2021.
Les chercheurs tentent de mieux comprendre les phénomènes moléculaires et cellulaires en jeu dans les infertilités féminines et masculines. L’exploration de ces mécanismes permettra de développer des solutions adéquates et des traitements ciblés pour améliorer la prise en charge des patients.
Les maladies qui mettent la fertilité en péril, comme l’endométriose, sont aussi étudiées. Par ailleurs, une baisse de la fertilité en lien avec le mode de vie et l’exposition aux polluants est établie depuis plusieurs années, notamment chez les hommes. La recherche se penche donc également sur l’impact de la pollution environnementale. Ainsi, le rôle des polluants, des produits chimiques et des perturbateurs endocriniens est passé au peigne fin dans le but d’élaborer des politiques de santé publique adaptées.
Dans le cas de la chimiothérapie, les chercheurs s’intéressent aux atteintes de la formation des spermatozoïdes. Des travaux récents ont montré qu’un composé médicamenteux, le busulfan, entraîne la mort d’une partie des cellules productrices de spermatozoïdes, par le biais d’un récepteur nommé TGR5. Ce dernier pourrait ainsi être ciblé pour limiter les effets néfastes de ce traitement anticancer.
Dans la continuité de l’exploration des causes d’infertilité, la recherche a pour objectif de mettre au point de nouvelles thérapies. Elle essaye par exemple de traiter l’azoospermie non obstructive, qui correspond à une absence de spermatozoïdes chez l’homme, en rétablissant la production de la protéine responsable de cette condition.
L’amélioration des techniques d’assistance médicale à la procréation est aussi étudiée. Elle passe entre autres par une meilleure identification des gamètes les plus aptes à être utilisés dans les protocoles. De manière globale, une problématique a cependant été mise au jour : le recours aux solutions contre l’infertilité est souvent trop tardif, limitant les possibilités d’aide apportées aux couples concernés.
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