Métabolisme : comment expliquer la régularité du cycle menstruel ?
03 mars 2025


Marina Carrère d'Encausse, médecin, journaliste et marraine de la FRM, répond à vos questions de santé.
Notre horloge interne régule de nombreuses fonctions de l’organisme et notamment, chez les femmes, les cycles menstruels. Elle est sous l’influence de facteurs extérieurs, comme la durée du jour. Une récente étude suggère que le cycle lunaire pourrait également jouer un rôle !
Avec Claude Gronfier, chercheur Inserm au Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL), spécialiste des rythmes biologiques.
Chez la femme, un cycle menstruel dure en moyenne 28,5 jours, mais en réalité il est plutôt variable, et on considère que sa durée normale se situe entre 21 et 35 jours. D’ailleurs, pour une même femme, il peut naturellement raccourcir ou rallonger de quatre à cinq jours d’un cycle à l’autre. Et cela évolue même avec les années puisqu’on estime qu’il a tendance à réduire progressivement entre les premières et les dernières règles. En d’autres mots, le cycle menstruel a une apparence de régularité, mais finalement pas tant que ça, quand on l’observe en détail !
Il existe des mécanismes de resynchronisation permettant de rétablir un rythme optimal. Avec mes collègues du Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon, nous avons voulu en avoir le cœur net, en travaillant sur un volume important de données issues d’études européennes et nord-américaines : soit près de 32 000 cycles menstruels chez plus de 3 000 femmes.
L’analyse des cycles individuels montre la capacité du corps à identifier leur durée par le passé, et à corriger ceux qui sont anormalement courts pour que les suivants aient une durée plus proche de la moyenne. Cela suggère l’existence d’une horloge interne pour les cycles menstruels, qui serait en lien avec notre horloge interne dite circadienne, très proche de 24 heures, qui maintient le cycle veille-sommeil et l’ensemble des rythmes physiologiques. Notre horloge circadienne est en phase avec le cycle jour-nuit sous l’influence de la lumière du soleil.
Oui, nous constatons bien une association, certes occasionnelle mais significative, entre cycles menstruels et cycles lunaires. Mais avec une différence surprenante : chez les Européennes, le cycle commence plus souvent à la lune croissante, alors que chez les femmes d’Amérique du Nord il débute plus souvent à la pleine lune !
Ces résultats suggèrent qu’il pourrait exister un système d’horloge interne avec un rythme quasi mensuel, faiblement synchronisé par le cycle lunaire. Il faudrait confirmer cela avec un volume plus important de données, ce qui pourrait être possible grâce aux applications mobiles de suivi des cycles par exemple. Mieux comprendre ce qui rythme les cycles menstruels pourrait être utile pour explorer les troubles de l’ovulation et l'infertilité notamment.
Source : Science Advances, 10 avril 2024
De la puberté à la ménopause, une femme vit environ 450 cycles menstruels au cours de sa vie ! Ces cycles sont sous le contrôle de plusieurs organes et hormones : le cerveau contrôle l’activité de l’hypophyse, qui sécrète deux hormones - la FSH (folliculostimulante) et la LH (lutéinisante). Elles agissent sur l’activité des ovaires. À leur tour, les ovaires, en sécrétant des oestrogènes et de la progestérone, agissent sur le cerveau, l’hypophyse ainsi que la paroi interne de l’utérus appelée « endomètre ». En cas de stress, le corps sécrète du cortisol, qui, à hautes doses, peut bloquer temporairement le cycle menstruel et donc la survenue des règles.
Newsletter
Restez informé(e) !
Abonnez-vous pour recevoir les actualités et communications de la FRM, les projets et découvertes sur toutes les maladies…