Cancer de la prostate : mieux caractériser les cellules favorisant la progression tumorale
Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez les hommes. En 2021, près de 9 000 décès ont été recensés en France. Le cancer de la prostate est cependant considéré comme un cancer à bon pronostic, avec un taux de survie de 93 % à 5 ans après le diagnostic. Le dépistage systématique n’est pas recommandé en l’absence de symptômes, qui sont souvent d’ordre urinaire.
Plusieurs options de traitements existent, selon l’âge du patient et le stade du cancer. Les recherches menées sur cette pathologie sont axées sur l’amélioration du dépistage précoce et le développement de nouveaux traitements, incluant des thérapies ciblées et des approches d’immunothérapie.
Le point de vue de l'expertPr Stéphane Oudard
Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent en France, et le premier cancer masculin, avec 25% des cas de cancer chez l'homme. La plupart sont plutôt de bons pronostics, mais un petit nombre vont être des formes agressives qui vont s'accompagner d'un décès du patient.
Quelques chiffres sur le cancer de la prostate
Le cancer le plus fréquent chez l’homme
Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l’homme. Selon l’Institut national du cancer (INCa), il représente environ 25 % des cancers masculins. En 2018, 59 885 nouveaux cas de cancer de la prostate ont été recensés en France et en 2021, 9 200 décès ont été liés à ce cancer.
Le cancer de la prostate survient le plus souvent après 65 ans d’après Ameli. Son évolution est lente dans la majorité des cas, s’étalant sur 10-15 ans. L’Assurance maladie signale avoir pris en charge 549 580 hommes pour un cancer de la prostate en 2021. Ils étaient âgés de plus de 60 ans dans 99 % des cas.
Quelle est l’espérance de vie avec un cancer de la prostate ?
Ce cancer est dit de « bon pronostic ». Ainsi, selon Ameli, 93 % des patients sont encore en vie 5 ans après le diagnostic. Selon l’INCa, l’âge médian au moment du décès est de 83 ans, et le taux de mortalité du cancer de la prostate a diminué de 2,4 % par an entre 2011 et 2021.
Qu’est-ce que le cancer de la prostate ?
Un cancer qui se développe au niveau de la prostate
La prostate est une glande située sous la vessie et en avant du rectum. Elle sert principalement à sécréter le liquide séminal, un des composants du sperme. La prostate ne produit pas d’hormone. Ce sont les testicules qui sécrètent la principale hormone sexuelle mâle, la testostérone, et fabriquent les spermatozoïdes. La prostate est entourée d’une enveloppe, la « capsule prostatique », qui est une sorte de barrière entre la glande et le tissu environnant.
Le cancer de la prostate correspond à l’apparition d’une tumeur maligne issue des cellules de la prostate. Selon Ameli, il s’agit dans 90 % des cas d’un adénocarcinome, c’est-à-dire d’un cancer qui se développe à partir des cellules épithéliales, les plus superficielles de la glande.
Les deux stades d’évolution du cancer de la prostate
Le cancer de la prostate est dit localisé ou « intracapsulaire » lorsque les cellules tumorales sont localisées uniquement dans la prostate. Il représente 80 % des diagnostics selon Ameli.
Au contraire, le cancer est dit « extracapsulaire » lorsque les cellules tumorales sont sorties de la capsule de la prostate pour atteindre les vaisseaux sanguins et lymphatiques. Elles peuvent ensuite diffuser dans le reste de l’organisme et former des métastases.
Quels sont les symptômes du cancer de la prostate ?
Les symptômes du cancer de la prostate apparaissent lorsque la tumeur grossit et comprime l’urètre, le canal qui part de la vessie et permet d’éliminer les urines.
Les troubles urinaires
Le cancer de la prostate peut se manifester par des troubles de la miction comme des besoins d’uriner accrus la nuit (pollakiurie) ou des difficultés à vider complètement la vessie. Des fuites urinaires ou des infections urinaires peuvent aussi alerter.
La présence de sang dans les urines ou le sperme
La présence de traces de sang dans l’urine ou le sperme, ou encore des difficultés d’érection et des douleurs à l’éjaculation doivent être évoquées avec le médecin, car il s’agit de symptômes caractéristiques du cancer de la prostate.
Zoom surCancer ou hypertrophie bénigne de la prostate ?
La prostate peut parfois grossir avec le temps, formant un « adénome de la prostate » ou une « hypertrophie bénigne de la prostate ». Cette augmentation de volume de la glande prostatique est aussi à l’origine de troubles urinaires. Si les symptômes ne sont pas pris en charge, notamment par des traitements médicamenteux ou une ablation de l’adénome, ils peuvent s’aggraver et provoquer des infections urinaires récidivantes, voire une insuffisance rénale. Pour différencier un simple adénome d’un cancer de la prostate, les médecins s’appuient sur le toucher rectal et un dosage sanguin. Une échographie peut éventuellement être prescrite pour préciser le volume de la prostate.
Quels sont les facteurs de risque du cancer de la prostate ?
L’âge est le premier facteur risque
Le premier des facteurs de risque du cancer de la prostate est l’âge. Le risque de développer ce cancer augmente donc avec le temps. Rare avant 50 ans, l’incidence s’accroît progressivement avec un pic observé autour de 70 ans selon l’INCa et l’Institut Curie.
Les facteurs de risque génétiques
Si les formes sporadiques, non héréditaires, constituent la majorité des cas de cancer de la prostate, la génétique jouerait un rôle dans 25 % des cas. En effet, selon Ameli, il existe des formes familiales, avec au moins 2 cas dans la famille (père, frère, oncle, grand-père), représentant 20 % des cancers de la prostate, et des formes héréditaires, c’est-à-dire directement associées à une mutation génétique, comme HOXB13 ou BRCA2, représentant 5 % des cancers de la prostate. La mutation BRCA2 est d’ailleurs également associée à un risque accru de cancer du sein et de cancer de l’ovaire chez la femme.
La surexposition aux pesticides
Depuis 2021, le cancer de la prostate lié à la surexposition à certains pesticides tels que la chlordécone est reconnu comme maladie professionnelle. Les pesticides font référence aux produits d’usage agricole ou d’entretien des espaces verts, ainsi qu’aux biocides et antiparasitaires d’usage vétérinaire.
Les facteurs de risque environnementaux
Comme pour d’autres cancers, une alimentation déséquilibrée, trop riche en graisses saturées, et l’obésité, avec un stockage des graisses au niveau abdominal, sont suspectées comme étant des facteurs de risque du cancer de la prostate.
Comment se fait le diagnostic du cancer de la prostate ?
Le diagnostic du cancer de la prostate peut être réalisé par plusieurs examens. Il intervient en cas de symptômes pouvant suggérer l’existence d’un cancer. À l’heure actuelle, la Haute autorité de santé (HAS) ne recommande pas de dépistage systématique du cancer de la prostate en l’absence de symptômes.
Le toucher rectal
La prostate est située en avant du rectum. Il est ainsi possible pour un médecin d’en estimer le volume, la consistance ou encore les éventuelles anomalies par toucher au travers de la paroi du rectum. Le toucher rectal n’exclut pas un cancer, car il ne permet de détecter que les tumeurs palpables.
Le dosage sanguin
Le prostate specific antigen (PSA) est produit par la prostate, et participe à la liquéfaction du sperme. Son taux sanguin augmente lors d’un cancer de la prostate, mais également dans d’autres situations comme l’inflammation, une infection ou certaines activités physiques. Cela explique pourquoi les médecins prescrivent plusieurs dosages de la molécule, espacés dans le temps. Cependant, un taux de PSA normal ne suffit pas à exclure la présence d’une tumeur en cas de toucher rectal suspect.
La biopsie de la prostate
En cas de fortes suspicions de cancer, une biopsie prostatique est réalisée. Elle consiste à prélever plusieurs échantillons de tissu pour ensuite les examiner au microscope. Elle permet ainsi de confirmer la nature cancéreuse de la prostate et de déterminer les caractéristiques et le stade d’évolution de la maladie.
Le bilan d’extension
Une fois que le diagnostic de cancer de la prostate est posé, il s’agit pour les praticiens d’évaluer la progression du cancer dans l’organisme via des examens d’imagerie, comme l’IRM ou le scanner. Une scintigraphie osseuse peut aussi être réalisée afin de détecter d’éventuelles métastases au niveau des os. Cet examen réside dans l’injection d’un « traceur » radioactif qui permet de révéler à l’imagerie le tissu osseux, et de déterminer si certaines cellules cancéreuses s’y sont fixées.
Quels sont les traitements du cancer de la prostate ?
La prise en charge du cancer de la prostate dépend de l’âge du patient, du stade du cancer et de son évolution. Il existe plusieurs types de traitements possibles.
La surveillance active et le choix du traitement
La HAS rappelle que devant l’évolution souvent lente du cancer de la prostate, un traitement immédiat n’est pas toujours nécessaire. Ainsi, lorsqu’il n’y a pas de symptômes ou pour des formes de cancer à faible risque évolutif, on peut entrer dans une simple phase de surveillance active de la maladie. Cela consiste à réaliser régulièrement des touchers rectaux, des dosages de PSA dans le sang et d’éventuelles échographies pour vérifier l’évolution des lésions de la prostate et déterminer les traitements à envisager.
La radiothérapie externe et la curiethérapie
Ces techniques sont basées sur la délivrance de rayonnements ionisants en vue d’irradier et de détruire les tissus cancéreux. Lors d’une radiothérapie externe, la source de radiations est à l’extérieur du corps, tandis que pour la curiethérapie, les praticiens implantent des sources radioactives directement au cœur de la tumeur.
L’hormonothérapie
La testostérone, l’hormone masculine produite par les testicules, favorise le développement du cancer de la prostate. Certains traitements visent donc à bloquer la production de cette hormone à la source. D’autres thérapies ont pour effet d’inhiber son action. En outre, toutes ont pour but de freiner la progression tumorale. On appelle cette approche la « castration chimique ». Une alternative très rarement utilisée, la « castration chirurgicale », consiste en l’ablation des testicules pour empêcher toute production hormonale.
La chimiothérapie
Les médicaments utilisés dans le cadre de chimiothérapies ont pour action de stopper la multiplication des cellules cancéreuses et de les détruire. Ils sont principalement prescrits dans les formes métastatiques du cancer de la prostate. Les molécules utilisées sont le docétaxel et le cabazitaxel.
La chirurgie, ou ablation de la prostate
Dans le cas de tumeurs importantes, le traitement recommandé est l’ablation totale de la prostate (prostatectomie) et parfois, des ganglions lymphatiques potentiellement envahis. L’ablation de la prostate est associée à des effets secondaires comme des troubles de la continence urinaire ou des troubles de la fonction sexuelle, qu’il convient de prendre en compte avant d’opérer.
Quels sont les axes de recherche sur le cancer de la prostate ?
Comprendre les mécanismes fondamentaux du cancer de la prostate
De nombreuses voies sont explorées par les chercheurs pour mieux prendre en charge le cancer de la prostate. Ils s’attachent notamment à améliorer les connaissances sur les mécanismes fondamentaux impliqués dans l’émergence du cancer pour trouver de nouvelles pistes thérapeutiques. Ils cherchent par exemple à identifier les cellules responsables de la progression tumorale ou à élucider le rôle des tissus en périphérie de la tumeur, comme le tissu adipeux. Une autre piste importante consiste à comprendre comment le cancer se propage dans l’organisme sous la forme de métastases.
Améliorer le dépistage du cancer de la prostate
Dépister plus rapidement un cancer augmente les chances de guérison. Cela explique pourquoi les chercheurs souhaitent développer de nouveaux biomarqueurs du cancer de la prostate. La recherche de moyens moins invasifs pour détecter la maladie, notamment dans l’urine, est ainsi dans leur ligne de mire. On peut aussi noter les travaux conduits en matière d’imagerie, comme le développement de nouveaux traceurs pour mettre en évidence les cellules cancéreuses. Des études sont également en cours sur des marqueurs pronostiques permettant de prédire comment le cancer va évoluer.
Développer de nouveaux traitements contre le cancer de la prostate
Le développement de nouveaux traitements pour prendre en charge les formes résistantes de la maladie est aussi une voie de recherche foisonnante. Dans ce cadre, des approches d’immunothérapie sont à l’essai pour stimuler les défenses immunitaires du patient et faire en sorte qu’il s’attaque aux cellules cancéreuses. La recherche s’attache aussi à mieux comprendre l’origine des résistances, par exemple dans le cas des hormonothérapies et chimiothérapies. Par ailleurs, de nouvelles molécules de chimiothérapie sont mises au point, tout comme des améliorations des techniques chirurgicales proposées pour traiter le cancer de la prostate. Enfin, des thérapies ciblées, visant spécifiquement les caractéristiques moléculaires des cellules cancéreuses, sont en cours d’élaboration.
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