Une étude au sein d’un large groupe de patients et sur le long termeUne étude au sein d’un large groupe de patients et sur le long terme

01 août 2017

Méningite : premiers résultats significatifs du vaccin antipneumococcique en France

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En résumé

Cette découverte a été réalisée par Laurence Watier et son équipe de l'unité « Pharmaco-Epidémiologie et Maladies Infectieuses » à l'Institut Pasteur à Paris.

75 000 €

Somme accordée à Laurence Watier en 2013, et qui a contribué à l'obtention de ce résultat.

Certaines bactéries appelées pneumocoques sont responsables de méningites, une infection des membranes qui entourent le système nerveux central.

Des vaccins existent, ils confèrent une protection contre différents types de pneumocoques et leur utilisation est recommandée depuis 2003 dans l'hexagone.

Les chercheurs montrent cependant qu'il a fallu attendre 11 ans en France pour que le nombre de cas de méningites diminue ; ils révèlent également que le tout premier vaccin proposé a entraîné l'émergence de nouveaux types de pneumocoques, soulevant ici l'importance d'avoir des vaccins adaptés à l'évolution des souches bactériennes.

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La découverte en détails

Méningites infectieuses liées à Streptococcus pneumoniae

Les méningites infectieuses d'origine bactérienne font encore des victimes dans l'hexagone. Leurs conséquences peuvent être sévères : outre des séquelles neurologiques, ces infections des méninges, les membranes entourant le système nerveux central, sont parfois fatales. Cela explique la volonté des autorités à enrayer ces infections.

Parmi les bactéries responsables de méningites figure en bonne place Streptococcus pneumoniae, une espèce de pneumocoque. Des vaccins ont été développés contre différents types de Streptococcus pneumoniae. Le premier, recommandé en 2003, apportait une protection contre 7 types (définis par les différents antigènes présents au niveau des bactéries). Ce vaccin a été remplacé en 2010 par sa forme améliorée, conférant une protection contre 13 types (PCV13). Les chercheurs ont voulu déterminer l'impact successif de ces différentes politiques vaccinales sur les cas de méningites liées au pneumocoque au sein de la population française.

Une étude au sein d'un large groupe de patients et sur le long terme

Laurence Watier et son équipe ont analysé les données provenant de 5 166 souches de Streptococcus pneumoniae issues de prélèvements de liquide céphalorachidien, le liquide qui entoure le système nerveux central. Ces prélèvements ont été effectués entre 2001 et 2014 dans 22 régions françaises. La banque utilisée était celle du Centre National de Référence des pneumocoques. Les effets des différentes campagnes de vaccination ont été évalués sur cette période.

Les chercheurs se sont notamment intéressés à l'évolution du nombre de cas de méningites ainsi qu'aux types de pneumocoques présents dans la population, en s'attachant particulièrement aux personnes les plus à risque de développer l'infection, à savoir les enfants de moins de 5 ans et les personnes de plus de 64 ans.

Des données précieuses en santé publique

Les chercheurs ont montré qu'en France, contrairement à d'autres pays européens, comme le Royaume Uni, l'Allemagne et la Suisse, le premier vaccin contre le pneumocoque (PCV7) n'a pas mené à une réduction du nombre de cas de méningites, en raison de l'apparition de nouveaux types bactériens.

Ce vaccin PCV7 protégeait contre 7 types de Streptococcus pneumoniae. Il a fallu attendre son remplacement par le vaccin PCV13 en 2010 pour observer une diminution de cas de méningites en France, soit 11 ans après la mise en place du premier vaccin antipneumococcique PCV7. Le vaccin PCV13 est une version améliorée du PCV7 puisqu'il protège contre 6 types bactériens supplémentaires.

Par ailleurs, les chercheurs ont montré que le vaccin PCV7 avait entraîné l'émergence de nouvelles souches de Streptococcus pneumoniae, propres à la France. Des nouveaux types sont apparus, différents de ceux des autres pays européens. Les chercheurs suggèrent que l'évolution inattendue de ces souches bactériennes pourrait être due non seulement à la pression vaccinale mais également à des facteurs tels que la consommation d'antibiotiques ou la compétition naturelle entre souches bactériennes.

Cette analyse met en garde sur le fait qu'un vaccin avec une formulation couvrant seulement partiellement les types de Streptococcus pneumoniae en circulation peut avoir des retombées négatives en Santé publique. Pour les chercheurs, si une nouvelle politique vaccinale doit être envisagée, il est impératif de développer un système de surveillance efficace et très réactif qui puisse étudier la population bactérienne locale et anticiper son évolution afin de formuler un vaccin le plus adapté possible.

Source : Alari A et al. Impact of pneumococcal conjugate vaccines on pneumococcal meningitis cases in France between 2001 and 2014: a time series analysis. BMC Medicine 2016 ; 14 : 211.

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