12 juin 2024

Virus émergents : découverte d’une porte d’entrée du virus de la fièvre hémorragique Crimée-Congo dans les cellules

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En résumé

Portrait du chercheur François-Loïc Cosset

Cette avancée a été obtenue par François-Loïc Cosset, Solène Denolly et leur équipe « Virus enveloppés, vecteurs et immunothérapie » du Centre international de recherche en infectiologie de Lyon.

396 240 €

Financement accordé à François-Loïc Cosset en 2022 pour un projet d’ « Equipe FRM ».

La fièvre hémorragique Crimée-Congo est une pathologie qui résulte principalement de la transmission d’un virus par l’intermédiaire d’une tique infectée.

Les chercheurs ont identifié un mécanisme moléculaire qui permet aux virus d’entrer dans les cellules pour s’y multiplier.

Leur avancée ouvre la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques pour prendre en charge cette maladie.

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La découverte en détails

La fièvre hémorragique Crimée-Congo, une maladie potentiellement grave

La fièvre hémorragique Crimée-Congo est une maladie virale grave. Elle se traduit par une forte fièvre, des douleurs musculaires ou des nausées pouvant, dans certains cas, aboutir à un syndrome hémorragique et à l’apparition de lésions rénales et hépatiques. Son traitement est essentiellement symptomatique, et on estime que le risque de décès lié à cette pathologie est de 30 %.

Le virus de la fièvre hémorragique Crimée-Congo est principalement transmis par une tique, au moment de la morsure, qui l’a elle-même contractée auprès d’un animal domestiqué. La maladie sévit en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient et dans certains pays d’Europe de l’Est et du Sud comme l’Espagne. En France, le virus de la fièvre hémorragique Crimée-Congo a été détecté chez des tiques prélevées sur des bovins d’élevage, mais aucun cas n’a encore été identifié à ce jour chez l’Homme.

Ce virus est ainsi un agent pathogène parfois redoutable : cela explique la mobilisation des chercheurs qui souhaitent identifier de nouvelles pistes thérapeutiques. Les équipes se penchent notamment sur la manière dont le virus pénètre dans les cellules afin de se reproduire. Récemment, des chercheurs ont identifié une molécule servant de porte d’entrée au virus dans les cellules.

Une absorption cellulaire qui utilise la voie du cholestérol

Pour aboutir à ce résultat, les chercheurs ont utilisé des approches avancées de biologie cellulaire et de génétique. Ils ont montré que, pour pénétrer dans les cellules, le virus utilisait une voie similaire à celle utilisée par le cholestérol, un lipide essentiel à l’organisme.

Les lipoprotéines, molécules regroupant protéines et lipides, présentent à leur surface une molécule particulière, l’apolipoprotéine E, qui sert habituellement à transporter le cholestérol vers les cellules. Le virus de la fièvre hémorragique Crimée-Congo imite ces lipoprotéines en recrutant l’apolipoprotéine E, ce qui lui permet de se fixer sur une protéine présente à la surface des cellules, le récepteur aux LDL (lipoprotéines de basse densité). Une fois fixés, les virus sont reconnus comme les lipoprotéines par la cellule : elle les absorbe, ce qui leur permet de poursuivre leur infection.

Un blocage du phénomène efficace in vitro

Forts de ces observations, les chercheurs ont par la suite testé sur des cellules en culture des molécules capables de bloquer la présence du récepteur aux LDL à la membrane cellulaire. Ils ont alors constaté que cette inhibition empêchait les virus d’entrer dans la cellule, prévenant du même coup l’infection.

Ainsi, outre la découverte d’une voie d’entrée du virus de la fièvre hémorragique Crimée-Congo dans les cellules, cette étude ouvre aussi la voie à une nouvelle piste thérapeutique : des avancées pour la future prise en charge d’un virus faisant de nombreuses victimes dans les pays où il sévit, et qui pourrait émerger dans l’hexagone ces prochaines années.

Pour en savoir plus : Ritter M et al. The low-density lipoprotein receptor and apolipoprotein E associated with CCHFV particles mediate CCHFV entry into cells. Nature Communications 2024 : 15 ; 4542.

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