Cancer de la prostate : mieux caractériser les cellules favorisant la progression tumorale
Le point de vue de l'expert
Le cancer de la prostate est le premier cancer masculin, représentant 25 % des cas de cancer chez l’homme. Malgré un bon pronostic en général, certains types de cancers de la prostate sont difficiles à prendre en charge. La recherche continue pour dépister toujours plus tôt la maladie et améliorer son traitement.
Le point avec le Pr Stéphane Oudard, médecin oncologue à l'hôpital européen Georges Pompidou (Paris).
Le cancer de la prostate en chiffres
Selon l'Institut national du cancer (INCa), le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l'homme : ces tumeurs représentent 25 % des cancers masculins. 50 400 nouveaux cas ont été recensés en 2015 en France, et 8 100 décès ont été liés à ce cancer en 2018. Toujours dans l'hexagone, l'INCa estimait que 643 156 personnes vivaient avec ce cancer en 2017.
Ce cancer est dit de « bon pronostic » : ainsi, 93 % des patients sont encore en vie 5 ans après le diagnostic.
Il survient le plus souvent après 65 ans d'après le site Ameli.fr. Son évolution est lente dans la majorité des cas, s'étalant sur 10-15 ans.
Qu'est-ce que la prostate ?
C'est une glande située sous la vessie et en avant du rectum. Elle sert principalement à sécréter le liquide séminal, qui constitue le sperme. Elle ne produit pas d'hormone. Ce sont les testicules qui secrètent la principale hormone sexuelle mâle, la testostérone, et fabriquent les spermatozoïdes. La prostate est entourée dune enveloppe, la « capsule prostatique », sorte de barrière entre la glande et le tissu environnant.
Quels sont les symptômes du cancer de la prostate ?
Les symptômes du cancer de la prostate apparaissent lorsque la tumeur grossit et comprime l'urètre, le canal qui part de la vessie et permet d'éliminer les urines. Cela entraine des troubles de la miction comme des besoins d'uriner accrus la nuit ou des difficultés à vider complètement la vessie.
Le cancer peut également se manifester par des traces de sang dans l'urine ou le sperme, ou encore par des difficultés d'érection et par des douleurs à l'éjaculation.
Quels sont les facteurs de risque du cancer de la prostate ?
Plusieurs facteurs de risque de développer un cancer de la prostate ont été mis en évidence.
En premier lieu, on peut citer l’âge : ce cancer se déclare très rarement avant 50 ans, l’âge moyen du diagnostic est de 68 ans selon l’INCa.
Deuxième facteur : les antécédents familiaux et génétiques. Avoir un parent touché par un cancer de la prostate augmente le risque de développer la maladie. Le risque est plus élevé lorsque deux parents (frère, père, grand-père, oncle…) ou plus sont touchés. Toujours sur cette notion de prédisposition génétique, selon le site Ameli.fr, « deux mutations génétiques, HOXB13 et BRCA2, sont associées au cancer de la prostate ». Des mutations de BRCA1 pourraient aussi être en cause, dans une moindre mesure cependant. Mais la génétique ne fait pas tout, la pathologie ayant une origine dite « multifactorielle ».
Un troisième facteur a été identifié : il s’agit de l’origine ethnique. Ainsi, les personnes d’origine africaine ou antillaises ont plus de risque de développer ce type de cancer que les personnes d’origine caucasienne.
Certains facteurs environnementaux sont également en cause dans le risque de cancer de la prostate, et plus particulièrement l’exposition à des pesticides de type chlordécone notamment utilisée dans les Antilles françaises au sein des cultures bananières dans les années 90.
Comment est fait le diagnostic du cancer de la prostate ?
Le bilan initial
Le diagnostic du cancer de la prostate peut être réalisé par plusieurs examens.
Le premier est le toucher rectal. La prostate est située en avant du rectum : il est ainsi possible pour un médecin d'en estimer le volume, la consistance ou encore les éventuelles anomalies par toucher au travers de la paroi du rectum.
Autre moyen de détection : le dosage sanguin d'une molécule, le Prostate Specific Antigen (PSA). Le PSA est produit par la prostate, et participe à la liquéfaction du sperme. Son taux sanguin augmente lors d'un cancer de la prostate, mais également dans d'autres situations comme lors d'une inflammation, d'une infection, lors de certaines activités physiques À l'inverse, un taux de PSA normal ne suffit pas à exclure la présence d'une tumeur en cas de toucher rectal suspect. Cela explique pourquoi les médecins prescrivent plusieurs dosages de la molécule, espacés dans le temps.
Enfin, en cas de fortes suspicions, une biopsie prostatique est réalisée. Elle consiste à prélever plusieurs échantillons de tissu pour ensuite l'examiner au microscope en vue de confirmer la nature cancéreuse et d'en déterminer les caractéristiques et le stade.
Le bilan d'extension
Ensuite, une fois que le diagnostic de cancer est posé, il s'agit pour les praticiens dévaluer la progression du cancer dans l'organisme via des examens d'imagerie, comme l'IRM ou le scanner.
Une scintigraphie osseuse peut aussi être réalisée pour détecter d'éventuelles métastases osseuses. Cet examen réside dans l'injection d'un « traceur » radioactif qui permet de révéler à l'imagerie le tissu osseux, et de déterminer si certaines cellules cancéreuses s'y sont fixées
Focus surL'hypertrophie bénigne de la prostate
La prostate peut parfois grossir avec le temps, formant un « adénome de la prostate » ou une « hypertrophie bénigne de la prostate ». Cette augmentation de volume de la glande prostatique est aussi à l'origine de troubles urinaires.
Si les symptômes ne sont pas pris en charge, notamment par des traitements médicamenteux ou une ablation de l'adénome, ils peuvent s'aggraver et provoquer des infections urinaires récidivantes, voire une insuffisance rénale.
Pour différencier un simple adénome d'un cancer de la prostate, les médecins s'appuient sur le toucher rectal et le dosage du PSA ; une échographie pourra éventuellement être prescrite pour préciser le volume de la prostate.
Quels sont les traitements du cancer de la prostate ?
La prise en charge du cancer de la prostate dépend de l'âge du patient, du stade du cancer et de son évolution.
La surveillance active
Tout d'abord, la Haute Autorité de Santé rappelle que devant « l'évolution souvent lente de la pathologie, un traitement immédiat n'est pas toujours nécessaire ». Ainsi, lorsqu'il n'y a pas de symptômes ou pour des formes de cancer à faible risque évolutif, on peut entrer dans une « phase de surveillance active » de la maladie. Cela consiste à surveiller de manière active certains patients par la réalisation régulière de dosages du PSA, de touchers rectaux et d'éventuelles échographies pour vérifier l'évolution de la lésion.
Les thérapies
Ensuite, les traitements possibles sont les suivants, selon les cas :
- La chirurgie : dans le cas de tumeurs importantes, il s'agit d'effectuer une ablation totale de la prostate (prostatectomie) et, parfois, des ganglions lymphatiques potentiellement envahis.
- La radiothérapie externe et la curiethérapie : ces techniques sont basées sur la délivrance de rayonnements ionisants en vue d'irradier les tissus cancéreux et de les détruire. Lors d'une radiothérapie externe, la source de radiations est à l'extérieur du corps, tandis que pour la curiethérapie, les praticiens implantent des sources radioactives directement au cœur de la tumeur.
- L'hormonothérapie : on sait que la testostérone, une hormone masculine produite par les testicules, favorise le développement du cancer de la prostate. Certains traitements visent à bloquer la production de cette hormone à la source. D'autres thérapies ont pour effet d'inhiber son action. Toutes visent à freiner la progression tumorale. On appelle cette approche la « castration chimique ». Une alternative est très rarement utilisée, la « castration chirurgicale » dont le but est l'ablation des testicules pour empêcher toute production hormonale.
- La chimiothérapie : ces médicaments ont pour action de stopper la multiplication des cellules cancéreuses et de les détruire. Les médicaments sont principalement prescrits dans les formes métastatiques du cancer. Les molécules utilisées sont le docétaxel et le cabazitaxel.
Quels sont les axes de recherche dans le cancer de la prostate
De nombreuses voies sont explorées par les chercheurs pour mieux prendre en charge le cancer de la prostate.
Il s'agit par exemple d'améliorer les connaissances sur les mécanismes fondamentaux impliqués dans l'émergence du cancer pour trouver de nouvelles pistes thérapeutiques.
Dépister plus rapidement un cancer permet d'augmenter les chances de guérison : cela explique pourquoi les chercheurs souhaitent développer de nouveaux biomarqueurs de la pathologie. La recherche de moyens moins invasifs de détecter la maladie, notamment dans l'urine, est ainsi dans leur ligne de mire. On peut aussi noter les recherches conduites en matière d'imagerie, comme le développement de nouveaux traceurs pour mettre en évidence les cellules cancéreuses.
Le développement de nouveaux traitements pour prendre en charge les formes résistantes de la maladie est aussi une voie de recherche foisonnante. Dans ce cadre, des approches d'immunothérapie sont à l'essai. Cette approche vise à stimuler les défenses immunitaires du patient afin qu'il s'attaque aux cellules cancéreuses. De nouvelles molécules de chimiothérapie sont aussi mises au point, tout comme une amélioration des techniques chirurgicales. Des thérapies ciblées, visant spécifiquement les caractéristiques moléculaires des cellules cancéreuses, sont aussi en cours d'élaboration dans le cancer de la prostate.
Autant de pistes pour améliorer la prise en charge des patients à l'avenir.
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