Stéatose hépatique non alcoolique et NASH : explorer les effets protecteurs de la synthèse de glucose par l’intestin
Quelques données sur la stéatose hépatique non alcoolique et la NASH
La maladie du « foie gras » non alcoolique, ou stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD pour « Non Alcoholic Fatty Liver Disease »), est fortement présente en France. Une étude de cohorte datée de 2019 et reprise sur le site ameli.fr montre que 16,7 % de la population incluse présente une stéatose non alcoolique : 24,6 % des hommes et 10,1 % des femmes. Elle concerne 79,7 % des obèses et 63 % des diabétiques.
L’Inserm précise, toujours en citant la même étude, que 2,6 % des personnes de la cohorte sont atteintes d’une forme avancée et sévère de la pathologie, la « stéatohépatite non alcoolique » (NASH pour « Non Alcoholic Steato Hepatitis »), soit plus de 200 000 personnes en France.
Selon la Société Nationale Française de Gastro-entérologie, « des projections estiment que ce nombre va plus que doubler d’ici à 2030, et que les complications de cirrhose ainsi que les carcinomes hépatocellulaires liés à la stéatose hépatique non alcoolique vont tripler à cet horizon ». Ces chiffres montrent le problème de santé publique posé par cette pathologie.
Qu’est-ce que la stéatose hépatique non alcoolique et la NASH ?
La stéatose hépatique non alcoolique correspond à une accumulation de graisse dans les cellules du foie sous une forme particulière, les triglycérides, et ce indépendamment d’une consommation excessive d’alcool. Cette accumulation est fortement liée à une mauvaise alimentation, riche en graisse et en sucre, et à la sédentarité, d’où le surnom donné à la pathologie de « maladie du soda ».
Si rien n’est entrepris pour la prendre en charge, des mécanismes inflammatoires se mettent en place au sein du foie. Ce stade de la pathologie est appelé « stéatohépatite non alcoolique », ou NASH. Les cellules hépatiques peuvent gonfler, « balloniser », et se nécroser. Une fibrose peut s’installer. Cela conduit à la cirrhose. A terme, le foie peut perdre sa fonction, et le risque de cancer hépatique augmente fortement.
Quels sont les facteurs de risque de développer une stéatose hépatique non alcoolique ?
Il existe deux principaux facteurs de risque de développer une stéatose hépatique non alcoolique :
l’obésité dite « abdominale », définie par un tour de taille d’une valeur supérieure à 80 cm chez la femme et à 94 cm chez l’homme ; le diabète de type 2 : cette maladie est liée à un taux de glucose sanguin trop important du fait de l’apparition d’une résistance des cellules de l’organisme à l’insuline, l’hormone produite par le pancréas à l’origine de la régulation de la glycémie. A terme, l’organe s’épuise ce qui entraîne la destruction des cellules pancréatiques productrices d’insuline. Le glucose s’accumule alors dans le sang. Plus généralement, la stéatose hépatique non alcoolique peut également être associée à un « syndrome métabolique », défini selon la Fédération française de cardiologie et la Fédération internationale du diabète par la présence d’une obésité abdominale associée à au moins 2 des facteurs suivants : taux de triglycérides sanguins trop élevé, faible taux de « bon » cholestérol (HDL), présence d’une hypertension artérielle, taux de glycémie trop important.
Quels sont les symptômes de la stéatose hépatique non alcoolique et de la NASH ?
Malheureusement, la stéatose hépatique non alcoolique est une maladie qui se développe et progresse silencieusement : elle provoque peu de symptômes spécifiques. La pathologie peut néanmoins provoquer chez certaines personnes une sensation de fatigue, des malaises ou encore une gêne au niveau du foie.
Des symptômes plus importants peuvent apparaitre lors des stades avancés de la pathologie durant lesquels les complications liées aux anomalies hépatiques surviennent. Peuvent alors survenir une ascite (accumulation de liquide dans la cavité abdominale) ou encore des hémorragies digestives.
Comment est fait le diagnostic de la stéatose hépatique non alcoolique et de la NASH ?
Comme vu précédemment, la maladie progresse silencieusement : son diagnostic se fait souvent au décours d’un bilan systématique chez des patients qui présentent ou non des facteurs de risque de développer la maladie. Une hausse des marqueurs suggérant une atteinte de la fonction hépatique (transaminases, gamma-GT) peut également conduire le praticien à prescrire des examens complémentaires.
Il s’agit tout d’abord d’éliminer toute consommation excessive d’alcool, la prise de médicaments ou encore la présence de pathologies ou d’infections pouvant atteindre le foie (comme l’hépatite B ou l’hépatite C).
Des examens comme l’échographie abdominale, la tomodensitométrie (TDM) ou l’imagerie par résonnance magnétique (IRM) permettent de mettre en évidence la présence de graisse dans le foie. L’élastométrie ou « Fibroscan », constitue une méthode d’imagerie innovante non invasive et facile à utiliser pour évaluer la fibrose hépatique.
Le stade de la pathologie peut être enfin déterminé grâce à la réalisation plus invasive d’une biopsie hépatique qui permet d’observer la gravité des lésions et de confirmer l’apparition d’une NASH.
Quels sont les traitements de la stéatose hépatique non alcoolique et de la NASH ?
Pour le moment, il n’existe pas de traitement approuvé par les autorités de santé pour la stéatose hépatique non alcoolique.
La prise en charge de la pathologie passe principalement par des changements dans l’hygiène de vie des patients. Il s’agit d’adopter une alimentation équilibrée et de pratiquer une activité physique régulière en vue de perdre du poids.
Ces seules mesures peuvent s’avérer efficaces pour réduire les lésions hépatiques et traiter la stéatose hépatique. Selon les sources, la perte de poids ralentit la progression de la NASH, voire la stoppe : perdre 10 % du poids du corps ferait disparaître la stéatohépatite dans 90 % des cas précise le site de la Société Nationale Française de Gastro-entérologie.
En cas d’échec des mesures hygiéno-diététiques dans la perte de poids, la chirurgie bariatrique peut être proposée au patient obèse. Elle consiste, selon la Haute Autorité de Santé, en « une aide mécanique et métabolique qui permet de diminuer la quantité d’aliments consommée et/ou l’assimilation des aliments par l’organisme ». Selon le site Ameli.fr, cette opération doit être réalisée avant que le patient ne développe une cirrhose.
Malheureusement, lorsque les lésions hépatiques sont trop importantes, la dernière solution réside dans une greffe hépatique.
Quels sont les axes de recherche dans la stéatose hépatique non alcoolique et la NASH ?
De nombreuses recherches sont menées afin de mieux prendre en charge ces maladies.
Tout d’abord, il s’agit de mieux comprendre les facteurs de risque qui peuvent conduire à l’établissement d’une stéatose hépatique en vue de la prévenir. Des facteurs de susceptibilités génétiques sont en cours d’investigation. D’autres recherches sont menées par exemple sur l’effet des polluants présents dans l’environnement, ou encore autour des troubles du rythme circadien qui pourraient intervenir dans le développement de la pathologie.
Les équipes étudient aussi des moyens de dépister plus facilement la NASH, de manière non invasive et donc sans avoir recours à la biopsie hépatique. Des essais sont menés pour la mise au point de biomarqueurs sanguins de la pathologie, avec des résultats préliminaires prometteurs.
Les mécanismes en jeu dans ces pathologies sont aussi explorés en vue de dégager de nouvelles pistes thérapeutiques, c’est le cas des phénomènes liés au système immunitaire. Des équipes françaises ont par exemple montré qu’il y avait une altération du stock de certaines cellules immunitaires du foie protectrices de la fonction hépatique lors de la NASH. Préserver leur nombre pourrait s’avérer une stratégie thérapeutique intéressante.
Les chercheurs se penchent aussi sur le rôle du microbiote intestinal, l’ensemble des microorganismes vivant en symbiose avec le système digestif. Des déséquilibres du microbiote semblent en effet impliqués dans la stéatose hépatique non alcoolique selon certaines études. Des travaux sont en cours pour tester cette hypothèse.
Le développement de médicaments est très important : de nombreuses molécules sont à l’essai pour enrayer la NASH et tenter de réduire la fibrose hépatique qui y est associée. Plusieurs pistes sont suivies : augmentation de l’absorption des lipides, modulation du métabolisme des lipides et des glucides, molécules anti-inflammatoires… Ces approches pourraient déboucher sur des nouveautés dans la prise en charge ces prochaines années.
Autant de voies de recherche possibles pour améliorer ces pathologies du foie.
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