Hépatite B : comprendre comment le virus persiste dans l’organisme
L’hépatite B est une infection virale touchant 254 millions de personnes à travers le monde. Elle s’attaque au foie, provoquant parfois des complications graves comme la cirrhose ou le cancer. Si les traitements actuels limitent la progression du virus, aucun remède curatif n’existe pour l’hépatite B. La vaccination reste essentielle, en particulier dans les zones à forte endémie.
La recherche explore des vaccins innovants et de nouvelles cibles thérapeutiques pour enrayer cette maladie.
Quelques chiffres sur l’hépatite B
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 254 millions de personnes vivaient avec une hépatite B chronique en 2022 et que la maladie s’est trouvée responsable de 1,1 million de décès dans le monde cette même année. En outre, 1,2 million de nouveaux cas sont déclarés tous les ans.
La France fait partie des pays à faible endémie, car le virus de l’hépatite B ne touche que 0,3 % de la population selon Santé publique France. Ainsi, 135 700 français auraient été porteurs du virus en 2016, mais seulement 17,5 % auraient eu connaissance de leur infection. À noter que depuis 2018, l’hépatite B fait partie des 11 vaccins obligatoires chez les enfants dès l’âge de 2 mois.
Qu'est-ce que l'hépatite B ?
L’hépatite B, une infection provoquée par un virus
L’hépatite B est une pathologie induite par le virus de l’hépatite B, ou VHB. Lors de l’infection, il s’attaque au foie à l’intérieur duquel il se multiplie. Cela engendre la destruction des hépatocytes, les principales cellules du foie. Si l’infection perdure, elle peut générer une cirrhose, maladie caractérisée par une fibrose du foie. Un tissu fibreux remplace les cellules détruites, et l’organe n’est alors plus capable d’assurer son rôle. À long terme, l’hépatite B peut plus rarement conduire le développement d’un cancer du foie.
Hépatite B chronique ou aiguë ?
On distingue deux principales formes d’hépatite B, les formes aiguës et les formes chroniques, qualifiant d’un côté des infections récentes et de l’autre des infections perdurant au-delà de 6 mois. L’évolution vers une forme chronique dépend largement de l’âge au moment de l’infection. Selon Santé publique France, elles concernent 90 % des nourrissons contre 5 % des adultes. Aussi, entre 2 et 10 % de ces cas progressent jusqu’à une cirrhose ou un cancer du foie.
Il existe une troisième forme d’hépatite B, peu fréquente mais grave, l’hépatite fulminante, qui se traduit par une destruction très rapide du foie. Il s’agit d’une urgence thérapeutique, qui peut nécessiter le recours à une transplantation hépatique, ou greffe du foie.
Comment se transmet le virus de l’hépatite B ?
L’hépatite B, une maladie très contagieuse
Le virus de l’hépatite B est très contagieux et se transmet via les liquides et sécrétions biologiques de l’organisme : sang, sperme et sécrétions vaginales. Ainsi, la transmission peut avoir lieu selon trois voies principales : la voie sexuelle, lors de rapports non protégés ou de contacts bucco-génitaux avec une personne malade, la voie sanguine, au cours d’une transfusion avec du sang contaminé, du partage d’aiguilles et de seringues pour la consommation de drogues ou d’instruments coupants infectés, et enfin, la voie maternelle, le virus de l’hépatite B pouvant être transmis de la mère à l’enfant. À noter que si l’hépatite B est contractée dans le cadre du travail, ce qui peut être le cas pour les professionnels de santé, la maladie peut être catégorisée en tant que « maladie professionnelle ».
Les risques de co-infection liés à l’hépatite B
L’infection par le virus de l’hépatite D, ou VHD, ne peut se faire qu’en présence du VHB, soit de manière simultanée, soit chez des personnes déjà porteuses de l’hépatite B. La présence du VHD augmente le risque d’hépatite fulminante. De même, les patients infectés par le VHB présentent une prévalence augmentée de co-infection avec le VIH, le virus de l’immunodéficience humaine, responsable du sida. L’OMS estime que 7,4 % des personnes porteuses du VIH sont aussi infectées par le VHB.
Zoom surL’importance de la vaccination contre l’hépatite B
La vaccination est le meilleur moyen d’éviter une hépatite B et d’éloigner le risque d’éventuelles co-infections. Elle est systématique depuis 2018 chez tous les nourrissons et obligatoire dans certaines professions, en particulier dans le domaine de la santé et des secours. La vaccination contre l’hépatite B est aussi fortement recommandée avant un voyage dans des zones à forte endémie, et chez les populations à risque, incluant les individus sous l’emprise de la toxicomanie et l’entourage des personnes infectées par le VHB ou le VIH. Elle se fait sous la forme d’une première injection, suivie de deux autres 1 mois et 6 mois après.
Quels sont les symptômes de l’hépatite B ?
L’hépatite B est une maladie silencieuse qui passe généralement inaperçue avant de devenir grave. Seuls près de 30 % des patients infectés par le virus de l’hépatite B souffrent d’une forme symptomatique lors de la phase aiguë de la maladie selon Santé publique France. Les premiers signes apparaissent en général entre 1 et 6 mois après l’infection, correspondant à la période d’incubation.
Même lorsqu’ils s’expriment, les symptômes courants de l’hépatite B sont peu spécifiques et fluctuants. Le plus commun est une grande fatigue, ou asthénie. Celle-ci peut s’accompagner de symptômes digestifs, comme des diarrhées, une perte d’appétit, des nausées et des vomissements, mais aussi de fièvres, de douleurs diffuses, de troubles du sommeil ou de malaises. En addition, un jaunissement des yeux ou de la peau (ictère) et une urine plus sombre peuvent parfois être observés.
Comment l’hépatite B est-elle diagnostiquée ?
Prise de sang et examens du foie
Les symptômes de l’hépatite B étant peu spécifiques, seul un bilan sanguin peut révéler l’infection. Une prise de sang est réalisée pour rechercher la présence de marqueurs d’une réaction immunitaire ciblant le virus, comme des antigènes du VHB et des anticorps dirigés contre ces derniers. Elle indique si l’infection est en cours, ancienne ou en phase chronique. Le dosage des transaminases ou de la bilirubine permet quant à lui de caractériser l’atteinte au niveau du foie. L’augmentation de ces marqueurs dans le sang est le signe d’une destruction des hépatocytes.
En cas de forme chronique, un suivi peut être envisagé pour observer l’évolution des lésions du foie par le biais de biopsies ou d’une échographie abdominale. Enfin, une mesure de l’élasticité du foie par ultrasons peut être prescrite pour évaluer la progression de la fibrose.
Qui est concerné par le dépistage de l’hépatite B ?
Le dépistage par simple prise de sang est recommandé dans plusieurs situations, notamment avant un don du sang ou lors d’une grossesse, mais également chez les populations à risque, comme les personnes en contact avec des individus porteurs d’une hépatite B chronique, les personnes séropositives infectées par le VIH ou le virus de l’hépatite C, les usagers de drogues, les personnes tatouées ou portant des piercings, en cas de transfusion sanguine, de greffe, ou de rapports sexuels risqués.
Quel sont les traitements contre l’hépatite B ?
Les formes aigües de l’hépatite B évoluent vers une guérison spontanée dans près de 90 % des cas selon Santé publique France. Les formes chroniques de la maladie sont quant à elles mises « sous surveillance » : les praticiens décident de la conduite à tenir au fur et à mesure du suivi.
Les traitements médicamenteux
Il n’existe aucun traitement curatif contre l’hépatite B, mais certaines molécules sont disponibles pour enrayer la progression de la maladie. Le but est d’empêcher la cirrhose ou le cancer du foie en bloquant la multiplication des virus. Les deux thérapies antivirales utilisées de manière classique sont l’interféron alpha et les analogues nucléosidiques tels que le ténofovir et l’entécarvir. L’efficacité du traitement se vérifie en mesurant la charge virale, ou quantité de virus dans le sang, et la présence d’antigènes viraux.
Les mesures hygiéno-diététiques
En marge des traitements médicamenteux, il est conseillé d’adopter une alimentation saine préservant le foie, notamment pour prévenir l’apparition d’une stéatose hépatique ou NASH. Il est également recommandé aux patients atteints d’une hépatite B de ne plus consommer d’alcool ou de tabac, et de limiter la prise de médicaments au strict nécessaire, avec l’accord du médecin.
La greffe de foie en dernier recours
En cas d’hépatite fulminante ou de l’aggravation d’une hépatite B chronique vers une cirrhose ou un cancer, une greffe de foie peut devenir nécessaire pour les patients.
Quels sont les axes de recherche sur l’hépatite B ?
Comprendre les mécanismes de l’infection par le VHB
Des recherches sont menées afin de mieux comprendre comment le virus de l’hépatite B se reproduit et infecte les cellules du foie. Les scientifiques se penchent notamment sur les mécanismes mis en jeu par le virus pour persister dans l’organisme et échapper au système immunitaire, aboutissant à des infections chroniques. Dans ce domaine, l’exploration des réservoirs du virus, les zones du corps où il se stocke, est une piste prometteuse pour vaincre l’hépatite B.
Plusieurs découvertes ont également été faites du côté de la progression de l’infection et de son aggravation. Une étude a par exemple permis d’identifier une molécule, CDKN2C, produite par les cellules hôtes et facilitant la multiplication du virus. D’autres travaux ont révélé une protéine virale, HBx, qui perturbe la régénération normale du foie pendant l’infection, contribuant à l’inflammation et à l’avancée de l’atteinte hépatique. À l’inverse, le récepteur FXR, un récepteur des sels biliaires présent dans les cellules du foie, semble réduire la réplication du VHB chez des souris porteuses de la maladie. L’ensemble de ces avancées offrent de nouvelles perspectives pour le développement de stratégies thérapeutiques ciblées contre l’hépatite B.
Développer de nouveaux vaccins contre l’hépatite B
La recherche s’attache également à améliorer les vaccins disponibles pour l’hépatite B. Les scientifiques travaillent en particulier sur la mise au point d’un vaccin bivalent protégeant à la fois contre l’hépatite B et l’hépatite C. Ce vaccin constitue un espoir pour les pays du monde à forte endémie pour ces deux pathologies.
Bientôt un traitement contre l’hépatite B ?
En 2023, le laboratoire GSK a annoncé la mise en place de deux essais cliniques de phase 3 pour une molécule, le bepirovirsen, dirigée contre l’hépatite B. Les données antérieures montraient une efficacité modeste du composé, contre certaines formes du virus uniquement, avec un taux de guérison compris entre 8 et 10 %. Les essais se poursuivent, ainsi que d’autres recherches, car la mise en place de traitements est un enjeu majeur pour les personnes porteuses de l’infection.
Newsletter
Restez informé(e) !
Abonnez-vous pour recevoir les actualités et communications de la FRM, les projets et découvertes sur toutes les maladies…
Avec la FRM, votre don est un espoir de guérison
Soutenez les projets de recherche les plus prometteurs.
Projets & découvertes financées grâce à vos dons
- Financement accordé : 294 000 €
Hépatite B : découverte d’un mécanisme à l’origine de la progression de l’atteinte hépatique
Montant du financement : 80 000 €Hépatite B : pourquoi le virus responsable est si infectieux
Montant du financement : 28 500 €
NOS DOMAINES D'ACTION
Maladies infectieuses