Rôles d’une protéine anormale dans le sarcome d’Ewing
Les cancers des os incluent les tumeurs osseuses primitives, comme l’ostéosarcome et le sarcome d’Ewing, qui touchent principalement les jeunes et de manière agressive, mais aussi les métastases osseuses, provoquées par d’autres types de cancers et plus fréquentes chez les adultes. Le diagnostic repose sur des examens d’imagerie médicale et une biopsie, permettant d’orienter le traitement à mettre en place. Celui-ci peut combiner chirurgie et chimiothérapie, parfois en association avec la radiothérapie.
La recherche explore des pistes prometteuses, comme l’immunothérapie et le rôle du microenvironnement tumoral, pour améliorer la prise en charge et la survie des patients.
Quelques chiffres sur les cancers de l’os
Les tumeurs primitives de l’os, qui prennent naissance dans le tissu osseux, sont considérées comme des maladies rares. Elles ne représentent que 0,5 à 1 % des cas de cancers révélés chaque année, toutes localisations confondues. En 2018, 639 cas de sarcomes osseux ont été diagnostiqués en France, la moitié apparaissant chez les moins de 20 ans, selon Santé publique France.
Les métastases osseuses sont quant à elles plus fréquentes, et apparaissent généralement chez l’adulte. Il s’agit de tumeurs secondaires, issues d’un cancer né au sein d’un autre organe et ayant fini par atteindre l’os. Si l’on considère l’ensemble des cancers osseux, le taux de survie des patients est de 55 % à 5 ans, toujours selon les données de Santé publique France.
Qu’est-ce que les tumeurs osseuses primitives ?
Les tumeurs primitives malignes de l’os sont des cancers rares qui se développent directement au niveau de l’os ou du cartilage. Elles affectent surtout les jeunes. Différentes formes de tumeurs primitives osseuses se distinguent : les ostéosarcomes, les sarcomes d’Ewing et les chondrosarcomes.
Les ostéosarcomes
Les ostéosarcomes sont les tumeurs primitives les plus fréquentes. Elles surviennent le plus souvent chez les garçons, adolescents ou jeunes adultes, avec un pic d’incidence autour de 18 ans. Ces tumeurs se situent préférentiellement sur des os « longs » tels que le tibia, le fémur ou l’humérus. Elles constituent une famille de tumeurs très hétérogènes. Souvent agressives, elles provoquent le développement de métastases ailleurs dans l’organisme.
Les sarcomes d’Ewing
Parmi les cancers primitifs de l’os, les sarcomes d’Ewing occupent la deuxième position en termes de fréquence. Ces tumeurs affectent davantage les adolescents, avec un pic d’incidence autour de 15 ans. Il s’agit là aussi de cancers agressifs, formant des métastases. Les sarcomes d’Ewing se caractérisent par une anomalie génétique particulière. La fusion de deux gènes conduit en effet à la production d’une protéine anormale qui favorise la multiplication de cellules cancéreuses.
Les chondrosarcomes
Les chondrosarcomes sont d’autres formes de tumeurs osseuses primitives. Celles-ci correspondent à la prolifération de cellules cartilagineuses malignes et concernent plutôt des adultes après 30 ans. Elles se développent en général au niveau du cartilage des os plats, comme les omoplates, les côtes et le bassin, ou du cartilage des os longs, comme le fémur, le tibia ou l’humérus.
Qu’est-ce que les métastases osseuses ?
Les métastases osseuses représentent la grande majorité des tumeurs osseuses découvertes chez l’adulte. Elles se forment lorsque des cellules cancéreuses s’échappent d’une tumeur primitive siégeant dans un autre organe et s’installent dans l’os après avoir circulé via le sang ou la lymphe. Le cancer du sein, le cancer de la prostate, le cancer du poumon, le cancer du rein et le cancer de la thyroïde ont une tendance naturelle très forte à former des métastases dans l’os. Elles se développent habituellement au niveau du bassin, de la colonne vertébrale ou du fémur.
Quels sont les facteurs de risque des cancers de l’os ?
Les facteurs de risque des cancers de l’os sont très mal connus. L’âge de survenue et la localisation sur les os longs suggèrent qu’il y a un lien entre la croissance rapide de l’os et le développement tumoral. L’exposition à des radiations, soit dans le cadre de radiothérapies réalisées dans l’enfance, soit de façon accidentelle, augmente le risque de cancer des os.
Comme pour la plupart des cancers, des facteurs de risque génétiques existent. Certaines maladies rares d’origine génétique, comme le rétinoblastome familial, seraient aussi associées à une plus grande fréquence de cancers osseux. Enfin, les antécédents de maladies osseuses comme la maladie osseuse de Paget, la dysplasie fibreuse et les chondromes ou ostéochondromes, font croître le risque de développer un cancer des os.
Quels sont les symptômes des cancers de l’os ?
Dans les premiers temps, lorsque la tumeur se développe, le cancer des os entraîne peu de symptômes. Il peut donc passer inaperçu, ce qui explique son diagnostic souvent tardif.
Le seul symptôme observé est l’apparition de douleurs ostéo-articulaires continues et progressives, liées à la croissance tumorale. Ces douleurs ne vont qu’en s’aggravant. Elles ne sont cependant pas spécifiques d’un cancer osseux.
D’autres signes peuvent donner l’alerte, comme une fracture, liée à l’affaiblissement de l’os, l’apparition d’une masse au niveau d’un os, ou des blocages dans certains mouvements. Comme pour d’autres cancers, une fatigue intense et une perte de poids peuvent se manifester.
Comment les cancers de l’os sont-ils diagnostiqués ?
L’imagerie médicale
Dès qu’il y a suspicion de cancer, une radiographie est indispensable pour détecter les anomalies osseuses. Cet examen est complété par une imagerie par résonance magnétique, ou IRM, qui rend visible l’extension d’une tumeur en dehors de l’os. La tomodensitométrie peut s’ajouter pour confirmer le diagnostic et donner plus de détails sur la propagation du cancer. D’autres examens peuvent être réalisés pour déceler d’éventuelles métastases. On peut citer la scintigraphie osseuse, un examen radiologique qui utilise une substance radioactive pour mettre en évidence les cellules de l’os, ou encore la radiographie thoracique.
La biopsie osseuse
La deuxième étape du diagnostic consiste à réaliser une biopsie chirurgicale, afin de récupérer suffisamment de matériel tumoral pour le faire analyser en laboratoire. Des biomarqueurs particuliers sont alors recherchés pour affiner le diagnostic. Ils permettent de préciser le type de cancer, notamment de différencier une tumeur primitive d’une métastase, ou une tumeur peu active d’une tumeur agressive.
Quels sont les traitements des cancers de l’os ?
La chimiothérapie et la chirurgie
Pour la plupart des ostéosarcomes et sarcomes d’Ewing, le protocole de prise en charge est bien établi. Il commence toujours par une chimiothérapie néoadjuvante, qui provoque la mort des cellules cancéreuses, permettant ensuite d’opérer dans des conditions optimales, en minimisant le risque de dissémination des cellules cancéreuses dans l’organisme. Le chirurgien pratique une ablation de la tumeur, en prenant des marges de sécurité pour être sûr de l’enlever entièrement, puis réalise une reconstruction osseuse, soit par greffe, soit par la pose d’une prothèse.
La tumeur est alors analysée en laboratoire. En déterminant le taux de cellules mortes, il est ainsi possible de savoir si la tumeur a été sensible à la chimiothérapie, et donc d’estimer le risque de récidive. Cela permet aux oncologues de déterminer la chimiothérapie adjuvante à mettre en œuvre après l’opération. Cette analyse oriente également le pronostic, même s’il reste imprécis. Des recherches en cours visent à l’améliorer dans le cas des ostéosarcomes.
La radiothérapie
La radiothérapie est surtout utilisée pour traiter les sarcomes d’Ewing, les ostéosarcomes et les chondrosarcomes étant peu sensibles à ce traitement. Il sert notamment à prévenir les récidives en éliminant les cellules tumorales résiduelles qui auraient pu échapper aux autres traitements.
Le traitement des métastases osseuses
En parallèle du traitement de la tumeur primitive, la prise en charge des métastases osseuses repose sur deux classes de médicaments spécifiques, les biphosphonates et le denosumab, qui ralentissent la dégradation de l’os provoquée par les cellules cancéreuses. Un autre traitement corrige le taux anormalement élevé de calcium dans le sang, dû justement à la dégradation de l’os. Plusieurs interventions sont envisageables pour réduire les douleurs, mais aussi consolider l’os, comme par exemple la chirurgie ou la radiologie interventionnelle sous contrôle radioscopique, qui consiste à injecter un ciment biocompatible dans l’os. La radiothérapie peut également être utilisée pour détruire les métastases, en particulier lorsqu’elles ne sont pas atteignables par chirurgie.
Quels sont les axes de recherche sur le cancer de l’os ?
Développer des immunothérapies et des thérapies ciblées
De nombreuses recherches portent actuellement sur l’immunothérapie, une approche thérapeutique qui mime les effets du système immunitaire, ou le stimule, pour détruire les cellules cancéreuses. On sait par exemple que certaines cellules immunitaires, les macrophages, jouent un rôle important dans le développement des ostéosarcomes. Un médicament, le mifamurtide, a ainsi été développé il y a quelques années pour moduler l’activité des macrophages et traiter des ostéosarcomes métastatiques. Aujourd’hui, cette molécule n’est cependant pas recommandée pour son manque d’efficacité. La recherche reste néanmoins active pour développer d’autres immunothérapies et prévoir la réponse des patients à ce type de traitement.
Du côté des thérapies ciblées, les chercheurs étudient les inhibiteurs de kinase, capables de bloquer la multiplication des cellules tumorales, et les inhibiteurs de PARP, connus pour réparer l’ADN. Ces derniers s’avèrent prometteurs pour le traitement de différents types de cancers et pourraient constituer une solution applicable aux ostéosarcomes. Les scientifiques s’intéressent aussi de plus en plus à la sélection de molécules capables d’agir sur le microenvironnement de la tumeur, c’est-à-dire sur les tissus situés autour des cellules cancéreuses.
Comprendre la formation des métastases osseuses
Lorsque des cellules cancéreuses migrent dans l’os à partir d’un organe périphérique, elles entrent d’abord dans un état de dormance, puis se réveillent, parfois plusieurs années après, pour former des métastases. Certains travaux de recherche visent à comprendre la physiopathologie de cette dormance et les facteurs qui la contrôlent.
L’enjeu est aussi d’identifier les relations qui s’établissent entre les métastases et leur microenvironnement, conditionnant leur capacité de propagation. Des chercheurs ont déjà découvert que la protéine anormale EWSR1-FLI1, présente dans la majorité des cas de sarcome d’Ewing, régule la capacité des cellules cancéreuses à infiltrer les tissus adjacents. Cette propagation a également été étudiée dans le cas des métastases osseuses issues du cancer de la prostate, mettant au jour le rôle du récepteur nucléaire ERRa dans leur développement. Ces découvertes ouvrent la voie à des stratégies thérapeutiques ciblant ces protéines pour limiter la propagation tumorale.
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